Julien Bayou : "J'ai l'impression qu'on a perdu cinq ans"

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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Invité d'Europe Nuit, Julien Bayou, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts, est un sympathisant du mouvement Nuit Debout.

"La France va mieux", c’est ce que ne cesse de répéter le gouvernement depuis plusieurs semaines. Pour défendre cette idée, certains ministres ont ainsi lancé la semaine dernière le mouvement "Hé ho la gauche !", qui tente de souligner les réussites du quinquennat de François Hollande. "Évidemment que tout n’est pas mauvais", estime Julien Bayou, porte-parole d'Ecologie Les Verts. "Le seul truc, c’est qu’il faut se rappeler quand même qu’en 2012, la gauche arrive au pouvoir avec l’Elysée, l’Assemblée, le Sénat, les grandes villes, les grandes régions, la majorité des départements... Il y avait une fenêtre de tir historique pour changer la société, pour faire du bien au pays. Ça, ça n’a pas été fait", constate-t-il.

"Quel gâchis !". "Alors après, évidemment, il y a des avancées. Je pense notamment à l’encadrement des loyers, mais Manuel Valls a considéré qu’il fallait le restreindre à Paris, ou l’idée d’une caisse de solidarité pour le versement des pensions alimentaires. Mais je n’ai pas l’impression que le gouvernement n’en ait fait un marqueur de son action. Et sur tous les autres sujets malheureusement, à commencer par l’Europe, par l’emploi et la jeunesse, quel gâchis ! Il y a évidemment le Mariage pour Tous, c’est absolument important, mais j’ai l’impression qu’on a perdu cinq ans", regrette-t-il au micro d'Europe 1.

"On sent les policiers en flottement". Participant régulier de Nuit debout, Julien Bayou s'est également exprimé sur les débordements, ces derniers jours, en marge des manifestations contre la loi Travail notamment. "On voit de plus en plus de violence dans les manifestations, ce qui est incroyable, et de la part des policiers, il faut bien le dire. Ce qui est malheureux, c’est que ça fait plus de blessés parmi les manifestants et parmi les policiers et là, on est sur une tension croissante qui ne fait pas de bien au pays", continue-t-il. "J’étais dans le défilé du 1er mai. C’est la première fois que je vois un parcours coupé en deux. On sent les policiers et les CRS en flottement. Tout ça génère de la tension. Evidemment, il y a des casseurs qu’il faudrait interpeller et sanctionner, mais il y a aussi énormément de violences policières", constate le conseiller régional d'Île-de-France.

La consommation d'alcool et le "bruit" limitées à Nuit debout. Les limites n'épargnent pas Nuit debout. Dans la nuit de dimanche à lundi, la place de la République a ainsi été évacuée par la police. Désormais, la consommation d'alcool, sa vente et le stationnement de véhicules sont interdits dès 17h sur la place, au moins jusqu'à mardi matin. La diffusion de musique et "de bruits", ainsi que l'organisation de cortèges le seront pour leur part à partir de 22h. "A titre de conseiller régional, cela fait un mois que je me demande pourquoi la préfecture organise la vente à la sauvette d’alcool. Effectivement, ça fait des nuisances pour les riverains, avec les personnes qui ont trop bu ou qui n’ont pas de toilettes. Maintenant, c’est appliqué, c’est une bonne chose. Quant à la limite de 22h, "cela ressemble quand même méchamment à un couvre-feu", estime Julien Bayou. "J’ai du mal avec ces notions. Je pense qu’on peut occuper les places, avoir des débats sereins et que ça ne gêne pas les riverains. Je suis sûr que c’est possible, et il faut que chacun mette du sien."