Daniel Barenboim : "Le gouvernement israélien est complètement sourd"

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SAISON 2016 - 2017

Invité exceptionnel d’Europe nuit, le chef d’orchestre argentin, israélien, et détenteur d’un passeport palestinien, milite à sa façon pour la paix au Proche-Orient.

La musique adoucit les mœurs, dit le proverbe. À l’origine de l’Orchestre du Divan occidental-oriental, qui réunit musiciens israéliens et arabes, Daniel Barenboim ne cesse de promouvoir le dialogue et la paix entre les deux peuples. Le pianiste israélo-argentin, également détenteur d’un passeport palestinien, juge "terrible" la colonisation des Territoires occupés par Israël.

"Cinquante ans d'occupation, c'est terrible". "Cette année, cela fait cinquante ans d’occupation. C’est terrible. Avec notre histoire, celle du peuple juif qui a été persécuté partout pendant vingt siècles, c’est terrible qu’on se retrouve à occuper un autre peuple pendant cinquante ans. Certaines décisions que l’on prend individuellement ou collectivement sont justes au moment où on les prend, mais ne le sont pas pour l’éternité. Il faut avoir le courage de les changer quand c’est nécessaire", estime le chef d’orchestre sur Europe 1.

"Le gouvernement israélien ne s’intéresse pas du tout à l’opinion des autres". "L’argument ‘eux (les Palestiniens, ndlr), ils ne veulent pas’, je ne l’accepte pas. Même si on pense que tout juif dans le monde a le droit de vivre en Israël, cela ne peut pas se faire sans les autres. Ce n’était pas un désert, les Palestiniens étaient là. Je trouve que c’est inacceptable", continue-t-il. "Et c’est inacceptable qu’il y ait un gouvernement en Israël qui soit complètement sourd, qui ne s’intéresse pas du tout à l’opinion des autres et continue à construire des colonies, rendant impossible un État palestinien normal".

"À l'orchestre, il n’y a pas de checkpoint". Daniel Barenboim ne revendique pourtant pas le rôle de pacificateur. "Ce n’est pas ce que nous faisons. L’Orchestre du Divan occidental-oriental est une façon de montrer que la collaboration est non seulement possible, mais souhaitable, à condition qu’il y ait une égalité. On ne demande à personne quel passeport il a, il n’y a pas de checkpoint". Et de saluer le courage, encore une fois, de tous ceux qui viennent y jouer.