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Chaque samedi, François Clemenceau, rédacteur en chef au Journal du dimanche, revient sur un événement international.

En un coup d’œil prospectif, François Clémenceau fait le point sur ce que va nous réserver l’année qui arrive sur le plan international. Avec d’abord, les élections européennes.

Ne nous y trompons pas, ce rendez-vous européen de la fin mai (on votera du 23 au dimanche 26 en fonction des pays), ce test est encore plus décisif qu’il y a cinq ans. Pas seulement parce que les populistes europhobes sont arrivés au pouvoir dans certaines capitales européennes depuis 2014 (en Autriche, en Italie, ou en Suède…), mais surtout parce que la France et l’Allemagne sont gangrenées par cette extrême droite nationaliste.

Le parti de Marine Le Pen était déjà arrivé en tête en 2014 et il risque de l’être à nouveau en mai. Sauf qu’il affronte aujourd’hui un président encore plus européen que son prédécesseur François Hollande et qui a même fait de l’intégration européenne son cheval de bataille. Or, on ne le dit jamais assez, pour convaincre en Europe et être moteur, il faut être fort. La France, sur le plan économique est à la traîne, elle a beau être en pointe sur les idées ou sur la défense des Européens face au terrorisme, cela ne suffit plus.

Surtout si en Allemagne, l’hostilité à l’Europe progresse aussi. L’extrême-droite de l’AfD est déjà présente en force au Bundestag, elle pourrait prendre le contrôle d’une région allemande en ex-RDA l’été prochain. Ajoutez à cela le Brexit du 29 mars. S’il se met en place sans accord préalable, les conséquences pour l’Europe seront brutales. Et il n’est dans l’intérêt de personne chez les 27 d’avoir une Europe affaiblie face à une Russie menaçante et des États-Unis erratiques.

D’autant que le flanc sud de l’Europe est encore très instable…

On le verra dès ce printemps aussi, avec deux élections importantes : la première en Algérie avec une possible nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Si c’est le cas, c’est que le système est incapable de se renouveler et il pourrait en résulter une crise de confiance grave, à même de susciter une fuite massive d’une partie de la population.

La deuxième élection est à une date encore inconnue en 2019, c’est en Israël. Benjamin Netanyahou veut battre le record de longévité de David Ben Gourion. Sauf qu’il n’a pas son génie fédérateur et sa foi progressiste. Les Palestiniens risquent d’être une nouvelle fois les victimes collatérales de cette ambition. Jamais un homme n’aura autant eu le temps et les moyens de progresser dans ce conflit et n’aura si peu essayé de rentrer dans l’histoire comme un homme de paix. Dans la Syrie voisine, attendons-nous aussi à d’autres turbulences. Les guerres n’aiment pas le vide et si les États-Unis vident les lieux, d’autres voudront prendre sa place. La Turquie en rêve pour en finir avec les Kurdes, les Saoudiens aussi pour tenir tête aux Iraniens ailleurs qu’au Yémen. Dans ce monde-là, on aura intérêt à boucler nos ceintures, ça va continuer à secouer.