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L’Europe va créer une nouvelle police pour surveiller les géants du numérique, ils devront se plier à nos règles pour conserver l’accès au marché européen. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’Europe va créer une nouvelle police  pour surveiller les géants du numérique. C’est une vraie révolution !

Thierry Breton, le commissaire au Marché intérieur, dévoilera tout à l’heure les règles qui, pour la première fois, vont s’imposer aux géants du numérique. Car un constat s’impose : quand l’Europe, ou d’ailleurs les Etats-Unis, s’attaquent à Google ou Facebook sur le terrain de l’abus de position dominante, il y en a pour des années, des procès sans fin, que l’on ne gagne pas toujours, et au fond ça va très bien à ces géants car pendant ce temps, ils tissent leur toile. D’où ce changement radical impulsé par le commissaire français qui a su convaincre la Commission et les Etats-membres : mieux vaut prévenir que guérir. Les Gafa devront se plier à nos règles pour conserver l’accès au marché européen.

L’Europe devient le premier continent à réguler les géants du numérique.

L’espace géographique, physique, est régulé depuis longtemps, avec le cadastre, les règles de propriété etc. L’espace maritime et l’espace aérien le sont également. Restait l’espace numérique car on voit bien que le cadre actuel ne permet pas de réguler les contenus ou de faire cesser les abus de position dominante. D’où des obligations nouvelles qui vont être imposées aux grandes plateformes. De la même manière que les banques ont des obligations de lutte contre l’argent sale et ne peuvent pas accepter de dépôts sans en vérifier l’origine, les Gafa devront respecter une série de bonnes pratiques sous peine de sanctions immédiates et très lourdes.

Jusqu’à l’interdiction du marché européen.

Ça pourra aller très loin en effet. L’Europe crée en quelque sorte une police du numérique, elle se donne les moyens d’intervenir en temps réel, c’est ça qui est important, si une plateforme ne respecte pas les règles. Il pourra y avoir des audits sur les algorithmes utilisés par les Gafa. Des contenus pourront être retirés très rapidement. Et pour éviter les abus, les plateformes ne pourront plus utiliser les données des entreprises qu’elles hébergent pour les concurrencer. Ni empêcher à des entreprises d’accéder aux données de leurs propres clients. Tout ça vise surtout, sans le dire, Apple, Amazon et Google. Ces règles vont maintenant devoir être adoptées par les députés européens et par le conseil. Il y en a au moins pour un an. Il faut donc s’attendre à un an de lobbying intense de la part des Gafa pour essayer de torpiller ces textes. Comme le dit Thierry Breton : "je les connais et je les attends de pied ferme". Une autre bataille commence…