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SAISON 2016 - 2017

Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.

Nous retrouvons Franck Ferrand, pour notre rendez-vous "Un jour dans l’histoire". Bonjour, Franck.

Bonjour, Samuel, bonjour à tous.

Nous sommes aujourd’hui le 3 mai ; est-ce que cela vous dit quelque-chose ?

Cela me rappelle le 3 mai 1936, Samuel, le jour de la victoire du Front Populaire aux élections législatives. Ce qu’on appelle "front populaire", c’est le rassemblement des forces de gauche sous la houlette de Léon Blum. Cette coalition tiendra deux ans et modifiera le paysage politique et social en France.

Quand tout cela a-t-il commencé, Franck ?

Deux ans plus tôt, en 1934. De façon "réactionnaire", au sens propre – il faut bien s’amuser un peu. Il s’agit bien d’un mouvement de réaction de la gauche à la menace des ligues d’extrême-droite qui ont gagné en puissance. Réaction aussi à la crise de 29 qui vient de plonger l’économie dans le marasme. Les gauches s’unissent donc pour créer un grand mouvement : le Parti communiste de Maurice Thorez – très puissant à l’époque – s’allie à l’ancêtre du Parti socialiste, la SFIO dirigée par Léon Blum, et au parti Radical-socialiste d’Edouard Daladier. L’éventail est donc très large et balaye de l’extrême-gauche au Centre. Or, en face, la campagne de la Droite n’est pas à la hauteur.

C’est donc en toute logique que l’alliance des gauches l’emporte

Très nettement, oui. Le Front populaire a obtenu 57% des suffrages, au 1er tour. Et au second, ce 3 mai 36, il envoie 386 députés à la Chambre – sur 608 sièges ! Partout en France, se lève un grand mouvement de grève – pas pour protester, vous l’aurez compris, mais pour appuyer la victoire de la Gauche. On comptera deux millions de grévistes ! Les usines sont occupées, le pays, paralysé. En juin, le mouvement s’amplifie encore : des garçons de café aux coiffeurs, tout le monde fait grève. Le gouvernement Blum sera formé le 4 juin et, dans la nuit du 7 au 8, signera les accords de Matignon, offrant une augmentation générale des salaires, de 7 à 15%, instituant des délégués syndicaux et ramenant bientôt la durée du travail à 40 heures par semaine. Je ne vous dis rien des congés payés ! 15 jours, à l’époque. C’est une petite révolution, mais qui ne durera pas : l’économie du pays périclite, et Léon Blum devra présenter la démission de son gouvernement en juin 37.