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SAISON 2019 - 2020

100 ans après le rapatriement du tombeau de Napoléon aux Invalides. Hitler organise le transfert des restes du fils de l'empereur à Paris. Un geste accueilli avec mépris par les Parisiens. Découvrez cette histoire dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire".

En écoutant le récit consacré aux Invalides, vous avez peut-être eu envie d'en savoir plus sur le rapatriement du tombeau de Napoléon au sein de ce monument, autrement appelé "retour des cendres". Dans cet épisode bonus de "Au cœur de l'histoire", le spécialiste histoire Jean des Cars vous raconte comment 100 ans après, un second retour des cendres a eu lieu.

Paris, le 15 décembre 1940, 1h20 du matin. La capitale, humiliée, obscure et silencieuse, est figée par l'occupation, le couvre-feu et le froid. Pourtant, aux Invalides, 200 gardes Républicains immobiles forment une double haie et tiennent à la main une torche de résine. Précédé de motocyclistes, un convoi arrive de la Gare de l’Est. De quoi peut-il s’agir dans des conditions aussi dramatiques, pour ainsi dire clandestines ? Des témoins diront plus tard : "Il s’agit d’un évènement historique qui fut aussi, dans sa simple grandeur, le plus impressionnant des spectacles."

L’Ambassadeur d’Hitler, Otto Abetz, s’adresse à l’amiral Darlan, qui représente le maréchal Pétain : "Je vous remets les cendres du duc de Reichstadt." L’amiral remercie, salue. On entend les fifres d’un régiment qui défile place Vauban. Puis, le silence enveloppe les Invalides. Pour amadouer les Français, Hitler a accepté que les restes du fils de Napoléon et de Marie-Louise, celui qu’on avait appelé l’Aiglon, soient transférés de Vienne, où il reposait, à Paris. Ainsi, le père et le fils seraient réunis dans le caveau impérial.

En réalité, cette idée remonte à 1938. L’Ambassadeur Abetz, qui était déjà en poste à Paris, défendait cette proposition. La défaite française l’avait conduit à la défendre devant Hitler, à condition de respecter la date du 15 décembre : cela ferait cent ans que Napoléon reposait aux Invalides. Le symbole serait fort.

Un geste guère apprécié des Parisiens

Malgré les circonstances, la cérémonie s’est déroulée sous contrôle français. Plusieurs généraux, des membres de la noblesse d’Empire, des journalistes acquis à la collaboration et quelques personnalités comme Sacha Guitry assistent cette étonnante solennité. Elle est à la mémoire du prince impérial, titré roi de Rome mais mort à Vienne sous l’identité autrichienne de duc de Reichstadt, emporté par la tuberculose à 21 ans.

C’est par un train militaire spécial, dont un fourgon avait été transformé en chapelle ardente, que son cercueil de bronze a quitté Vienne. Selon l’ancien rite impérial des Habsbourg, seulement une partie du corps a été transféré de Vienne à Paris. Le coeur et les viscères devaient rester en Autriche. Ils y sont toujours.

Le geste d’Hitler se voulait symbolique et fort. Il n’est guère apprécié des Parisiens. On ne se bouscule pas aux Invalides. La population ne montre ni reconnaissance, ni enthousiasme pour cette cérémonie pompeuse. Même si le seul fils légitime de Napoléon, comme son père, n’avait pas été incinéré, ce second "retour des cendres" est accueilli par une indifférence voisine du mépris et avec ironie, en jouant sur les mots. Dès le lendemain, par allusion au froid, une plaisanterie circule : "Nous manquons de charbon et on nous envoie des cendres !"

Au cœur de l'histoire est un podcast Europe 1 Studio

Auteur et présentation : Jean des Cars
Cheffe de projet : Adèle Ponticelli
Prise de son et réalisation : Guillaume Vasseau et Laurent Sirguy
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Illustration : Europe 1 Studio
Direction Europe 1 Studio : Olivier Lendresse

Références bibliographiques

André Castelot et Alain Decaux Histoire de la France et des Français au jour le jour, tome VIII, 1902-1969 (Perrin, 1977).
Jean Favier, de l’Institut Paris, 2000 ans d’histoire (Fayard, 1997).

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