Un virus destructeur de tomates bientôt en France ? "Le niveau de risque est élevé"

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Virginie Salmen, édité par Séverine Mermilliod
Alerte maximum pour les tomates, poivrons et piments : un virus dangereux baptisé "Tomato Brown rugose fruit virus" s'y attaque, responsable de pertes de récoltes importantes au Moyen-Orient où il est apparu. Déjà observé dans six pays européens, il menace aujourd'hui la France, prévient l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation.

Un virus particulièrement virulent qui détruit les plants de tomates, de poivrons et de piments, menace la France. Le "Tomato Brown rugose fruit virus" (ToBRFV) est apparu en 2014 au Moyen-Orient et est déjà présent dans six pays européens : Le Royaume-Uni, l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne et la Grèce. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) lance une alerte qui concerne autant les producteurs que les particuliers. Philippe Reignault, ​directeur du laboratoire de la santé du végétal à l’Anses, présente ce virus sur Europe 1.

Des tomates, poivrons et piments difformes

Le virus s'attaque à toute la plante : des tâches jaune et marron apparaissent sur les feuilles, puis sur les fleurs et jusqu'aux racines et quand la tomate sort, c'est comme si elle ne mûrissait pas complètement.

"Sur les feuilles, on constate une altération de la couleur, des marbrures, des mosaïques, et sur le fruit les effets sont assez spectaculaires : on va avoir une diminution du nombre de fruits, de leur taille, une altération de la maturation, des parties mûres et d'autres qui vont rester vertes, un aspect déformé et rugueux en surface", énumère Philippe Reignault. 

Aucun traitement hormis l'arrachage, synonyme de pertes économiques

Même chose pour les piments ou les poivrons. Il n'y a pas de risque pour le consommateur qui en mangerait car le virus n'attaque que les plantes, mais ce qui inquiète les autorités sanitaires, c'est qu'il n'existe aucun traitement pour l'éradiquer. La seule solution, c'est d'arracher les plants, puis de ne plus rien planter pendant quelques semaines ou quelques mois. 

Pour les particuliers, des directives devraient être publiées dans les jours qui viennent, mais pour les producteurs l'enjeu économique est énorme : une fois touchés, les pertes peuvent aller de 10 à 100% de la récolte. "Les conséquences de l'arrachage forcément ne sont pas neutres, pour autant elles sont beaucoup moins pénalisantes que les conséquences de l'installation d'un foyer ou pire encore, de l'établissement de la maladie et de sa dissémination", tient à rappeler le scientifique.

"Le niveau de vigilance doit être maximum"

En attendant, il est conseillé de n'acheter que des graines certifiées et si possible en dehors des pays européens contaminés. "Dans le choix des plants et des semences, le niveau d'alerte est assez important. Le risque est considéré élevé donc des mesures ont été mises en place de manière urgente au niveau européen à l'automne dernier, pour faire en sorte que les approvisionnements soient sécurisés", explique Philippe Reignault. "On n'interdit pas les importations, mais on fait en sorte que celles-ci garantissent un bon état sanitaire des plants et des semences."

L'Allemagne a réussi à éradiquer le virus qui est à nos portes mais qui pour l'instant n'a pas été repéré sur le sol français. "Le niveau de risque est élevé", rappelle quand même le ​directeur du laboratoire de la santé du végétal à l’Anses, selon qui pour "la campagne à venir de culture de la tomate en France, le niveau de vigilance doit être maximum."