Les trois associations se sont entendues entre 2008 et 2017. 1:15
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Arthur Helmbacher, édité par Ugo Pascolo
Trois organisations professionnelles des vins d'Alsace ont été condamnées ce jeudi par l'Autorité de la concurrence pour entente sur les prix. Elles dénoncent dans un communiqué la "démesure" des amendes infligées. 

Il y avait le cartel du jambon, il y a maintenant celui du vin d'Alsace. L'Autorité de la concurrence a sanctionné ce jeudi trois organisations professionnelles des vins d'Alsace pour une entente sur le prix du raisin visant à augmenter celui du vin. "Entre 2008 et 2017, l'Ava (Association des viticulteurs d'Alsace), le GPNVA (Groupement des producteurs négociants du vignoble alsacien) et le Civa (Comité interprofessionnel des vins d'Alsace), se sont concertés à l'issue de chaque récolte sur les prix de vente du raisin et ce, pour chaque cépage alsacien, dont le Riesling et le Gewurztraminer", indique l'Autorité dans un communiqué.

Jusqu'à 348.000 euros d'amende

Pour appuyer sa décision, l'instance a même publié des extraits de réunions de ces viticoles. On peut y lire par exemple à la date du 28 août 2012 : "ce n'est pas admissible de trouver des vins d'Alsace à 2 ou 3 euros. Il faut qu'on arrête de se prendre les marchés entre nous." Des pratiques qui relèvent des infractions les plus graves en droit national et européen rappelle de son côté l'Autorité, qui a infligé une amende de 26.000 euros à l'Ava, 2.000 euros au GPNA et 348.000 au Civa qui représente l'interprofession. 

Des sanctions "démesurées" pour les viticoles

Dans un communiqué commun, les trois organisations ont exprimé leur consternation. "La démesure des sanctions administratives se rajoute à l'incompréhension concernant les griefs" formulés par l'Autorité de la concurrence. "On n'est pas un marché comme les autres, on ne vend pas des lave-vaisselles", commente de son côté les dirigeants du Civa au micro d'Europe 1. Et de rappeler que "depuis 40 ans", elles ont un Commissaire du Gouvernement nommé par l'Etat qui assiste à toutes les réunions et qu'"il ne [leur] a jamais demandé d'arrêter ces pratiques, qui n'étaient pas du tout secrètes".

Enfin, l'Ava, le Civa et le GNPVA soulignent avec ironie dans ce même document que "les vignerons alsaciens, qui pèsent 0,4% du commerce mondial du vin, ont un effet plus néfaste que les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), qui peuvent dormir tranquilles".