Surtaxe du vin français : la filière bordelaise demande des aides après "une faute de l'État"

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Stéphane Place, en Gironde, édité par , modifié à

Les États-Unis ont décidé en octobre de taxer à 25% les vins français, en réponse aux subventions dont a bénéficié l'avionneur européen Airbus contre son concurrent américain Boeing. Dans les vignobles de la région bordelaise, les professionnels craignent une escalade et réclament au gouvernement une compensation pour les victimes de ce "choix politique et industriel".

L'annonce avait fait l'effet d'une véritable bombe dans les vignobles bordelais : en octobre, les États-Unis annonçaient une surtaxe de 25% sur le vin français en réaction aux subventions accordées par l'État à l'avionneur européen Airbus face à son concurrent américain Boeing. Deux mois plus tard, si la filière viticole bordelaise ne peut pas encore quantifier précisément les effets de cette mesure décidée par l'administration de Donald Trump, les professionnels girondins sont contraints d'en tenir compte, comme l'a constaté Europe 1.

Des vignerons "très inquiets"

"Personnellement, je commerce assez bien avec les États-Unis", raconte Damien Chombart, vigneron dans l'appellation Cadillac Côtes de Bordeaux. "J'ai dû baisser mes tarifs pour compenser la taxe. J'espère que ce n'est que momentané parce que je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Est-ce que ça va être prolongé ? Plus haut que ça ? On parlait de 100% il n'y a pas très longtemps, donc on est très inquiets." La menace d'une taxation à 100%, brandie par Washington début décembre, concerne le vin pétillant, mais aussi du fromage et des cosmétiques.

Y a-t-il un responsable de ce manque à gagner dans un marché jusqu'alors en croissance ? "Ce n'est pas un sujet de la Commission européenne, c'est bien une faute de l'État français qui a choisi de subventionner l'avionneur Airbus", accuse Bernard Farges, le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, qui "respecte" ce "choix politique et industriel".

La France "doit assumer"

Selon lui, l'attitude de l'État français face à la surtaxe frappant un secteur industriel n'est pas le même qu'aux États-Unis : "Lorsque les Américains 'emmènent' leurs fermiers dans des difficultés liées à des négociations commerciales avec les Chinois, les Américains font un chèque à leurs fermiers", assure-t-il. "La France doit assumer ce choix de subventionner Airbus et venir compenser ceux qui sont des victimes de ces choix-là, à savoir la filière viticole française." Pour cette dernière, l'horizon commercial américain s'assombrit alors que le marché était jusqu'alors en croissance.