Smic : le groupe d'experts s'inquiète d'un risque de "trappe" qui réduit les chances de sortir de cette rémunération

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Selon ces experts, le Smic n'est pas un outil efficace contre la pauvreté. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Des experts alertent, dans un rapport remis mardi au gouvernement et aux partenaires sociaux, d'"effets de trappe" qui font augmenter les risques de rester au Smic pour un salarié qui y a passé plus d'un an.

Pour les salariés au Smic, les perspectives d'en sortir sont fortes la première année mais s'amenuisent ensuite avec un risque d'être piégés dans une "trappe", selon le rapport du groupe d'experts sur le Smic remis au gouvernement et aux partenaires sociaux.

Après un an au Smic, la probabilité d'y rester augmente. Se basant sur une étude à paraître de la Direction des statistiques du ministère du Travail, les experts constatent qu'entre 1995 et 2015, la proportion de salariés rémunérés à moins de 1,1 Smic est restée stable "autour de 11%". Ils constatent que "la très grande majorité (69%) des périodes passées au voisinage du Smic ne dure pas plus d'une année".

Mais "la probabilité que cette période dure une année supplémentaire augmente avec le temps déjà passé à ce niveau", notent-ils. Au final, alors que les salariés passent en moyenne 8% de leur carrière au Smic, ce chiffre monte à 18% pour les personnes y ayant passé au moins un an et 25% pour celles y ayant passé au moins deux ans.

Des "effets de trappe" qui touchent plus les femmes et les commerçants. Les experts concluent sur l'importance de la formation professionnelle pour lutter contre ces "effets de trappes" qui sont plus forts pour les femmes, les salariés du commerce et du transport, d'entreprises de petite taille et de plus de 45 ans.

Une hausse d'environ 1,8% mais pas de "coup de pouce". Par ailleurs, ce groupe, consulté avant chaque revalorisation du Smic, ne juge "pas utile" de faire une recommandation sur un éventuel "coup de pouce" au 1er janvier, le Premier ministre l'ayant déjà exclu. Depuis sa création en 2008, ce groupe s'y est toujours montré défavorable car "le salaire minimum français s'avère, en valeur nette, parmi les plus élevés dans les pays de l'OCDE".

Du fait d'une plus forte inflation, son président Gilbert Cette, professeur d'économie à l'université d'Aix-Marseille, a indiqué s'attendre à une revalorisation mécanique "d'environ 1,8%" après 1,24% l'année dernière. Celle-ci sera annoncée le 19 décembre.

Pour une réforme des critères de revalorisation. Le Smic bénéficie chaque année d'une hausse mécanique, calculée selon deux critères : l'inflation constatée pour les 20% de ménages aux plus faibles revenus et la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE). Comme l'année dernière, les auteurs préconisent de réformer cette formule pour ne garder que le critère de l'inflation ou même aucun critère. "Une réforme de la règle de revalorisation permettrait de renforcer le rôle de la négociation collective dans la définition des normes salariales, en particulier dans les branches", argumentent-ils.

Le Smic, un outil peu efficace contre la pauvreté, selon les experts. En outre, ils répètent que le Smic est un outil "peu efficace pour lutter contre la pauvreté" qui est d'abord "la conséquence de la faible durée travaillée". "La revalorisation engagée sur plusieurs années de la prime d'activité, beaucoup mieux ciblée sur les ménages pauvres, semble bien mieux adaptée", jugent-ils.