Reprise d'Ascoval : Altifort n'a pas les fonds et "a trompé tout le monde"

Le TGI de Strasbourg avait mis fin le 19 décembre à un interminable suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort pour un montant de 152 millions d'euros.
Le TGI de Strasbourg avait mis fin le 19 décembre à un interminable suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort pour un montant de 152 millions d'euros. © FRANCOIS LO PRESTI / AFP
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avec AFP , modifié à
Bercy a indiqué jeudi que l'entreprise Altifort ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels elle s'était engagée. "En l'espèce, Altifort a trompé tout le monde", a souligné Bercy.

L'entreprise Altifort, qui a obtenu en justice la reprise de l'aciérie Ascoval, ne dispose pas des fonds nécessaires et "a trompé tout le monde", a indiqué jeudi Bercy. "Altifort nous a confirmé qu'il ne pourrait verser aucun des fonds sur lesquels il s'était engagé, ni les dix millions de fonds propres, ni les 25 millions de levée de fonds", a précisé une source au cabinet du ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Même les dix millions de fonds propres, ils ne sont pas en mesure de les donner", a ajouté cette source : "On a pris acte de cela. En l'espèce, Altifort a trompé tout le monde".

281 emplois en jeu. Plus tôt jeudi, des inquiétudes s'étaient fait jour quant à l'opération dans laquelle 281 emplois sont en jeu. "Il y a des difficultés de financement" et donc "le plan de reprise se déroule de façon plus compliquée que prévu", avait notamment indiqué le cabinet de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, tout en assurant qu'"Altifort n'avait pas baissé les bras et espérait bien que les fonds seraient décaissés".

"La direction et l'ensemble des salariés sont inquiets de cette situation (...) aujourd'hui, aucun fonds n'a été débloqué par Altifort, ce qui empêche aussi le déclenchement des prêts des collectivités", a affirmé de son côté une source proche de la direction d'Ascoval. Le Figaro avait rapporté sur son site internet jeudi matin qu'en raison des problèmes de financement, la reprise serait "annulée", sauf "coup de théâtre". 

Dans un communiqué", le groupe Altifort a admis ne pas avoir obtenu "les financements externes" nécessaires, et affirmé rechercher "toutes les solutions alternatives", d'ici l'audience du 27 février. "Altifort a demandé en début de semaine par écrit la résolution du plan de cession d'Ascoval", validé en décembre par la justice, "et ce afin de protéger les salariés d'Ascoval et du groupe", indique le groupe. "En effet, à ce jour, les financements externes n'ont pas pu être mis en place tels que prévus" lors de la validation du plan de cession par le TGI de Strasbourg, ajoute le groupe dirigé par Bart Gruyaert.

La reprise validée en décembre.Le TGI de Strasbourg avait mis fin le 19 décembre à un interminable suspense en validant la reprise de l'usine par Altifort pour un montant de 152 millions d'euros, avec le sauvetage de 281 emplois à la clé. La reprise d'Ascoval se décomposait ainsi : 47 millions d'euros de fonds publics "sous forme de prêt" (25 millions de l'Etat, 12 de la région Hauts-de-France et 10 de Valenciennes-Métropole), 35 millions d'apport d'Altifort, 40 millions de crédit-bail pour le financement d'un futur train à fil et 30 millions d'affacturage. Interrogé sur Europe 1, en décembre, Bart Gruyaert, le PDG d'Altifort, repreneur franco-belge de l'aciérie Ascoval, avait pourtant assuré que ce plan de reprise était "viable" et "solide".

Créé il y a quatre ans, le groupe sidérurgique Altifort a grandi par rachat successifs. Il atteint désormais un effectif de 1.500 salariés, dont 1.370 en France, pour un chiffre d'affaires prévisionnel annoncé de 200 millions d'euros en 2018.
Interrogée sur la possibilité de trouver un nouveau repreneur, la source à Bercy a répondu : "On a tout a fait conscience que c'est très difficile". "La décision que nous avons prise avec tous les salariés, c'est de travailler à une nouvelle reprise en démarchant tous les industriels qui peuvent être intéressés", a-t-elle ajouté : "Nous referons un point en début de semaine prochaine dans le même format, avec les salariés, les députés, le président de la région Xavier Bertrand pour voir où nous en sommes".