Le Conseil des prud’hommes a été saisi. 1:31
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François Coulon, édité par Inès Khiari
Deux salariés d’une société bretonne de vente de pièces détachées, licenciés en plein confinement par visio-conférence, réclament les indemnités de chômage partiel qui ne leur ont jamais été versées. Indemnités pourtant promises par leur employeur qui en a lui-même bénéficié. Le Conseil des prud’hommes a été saisi.

Ils s’appellent David et Mariegniouma. Tous deux, salariés d’une société bretonne de vente de pièces détachées automobiles, ont été licenciés en pleine période de confinement le 5 mai dernier. Et ce par visioconférence. Aujourd’hui, les deux hommes réclament les indemnités de chômage partiel, promis par leur employeur, qui ne leur ont été jamais versées. Un dossier a été déposé auprès du conseil des prud’hommes de Rennes, en Bretagne, pour objecter la légalité de ces licenciements.

En pleine de crise de Covid 19, l’entreprise avait demandé de bénéficier des mesures de chômage partiel. L’objectif : préserver l’emploi de ses deux salariés. Pourtant, ils ne verront jamais la couleur de cet argent, licenciés quelques temps après par leur employeur en plein confinement.

"Le confinement est arrivé, donc l’entreprise a mis en place le chômage partiel. Au bout de trois semaines, il a commencé à parler de licenciement économique. Au mois de mai, on n’a rien reçu en termes de salaire, alors que notre patron a reçu le chômage partiel. Pour moi c’est un détournement de bien public, c’est totalement illégal ce qu’il a fait", explique David, responsable commercial et un des plaignants dans cette affaire. 

" C’est un détournement de bien public, c’est totalement illégal "

Les deux hommes ne comptent pas se laisser faire. Objectant la légalité de ces licenciements en pleine crise de Covid 19, ils vont saisir le conseil des prud’hommes. Pour François Macquaire, juriste à la Confédération française des travailleurs chrétiens d’Ille-et-Vilaine, cette situation est illégale : "Ce qui est totalement dément c’est, d’une part de laisser des personnes en pleine crise de Covid 19, alors que la société touche le chômage partiel pour éviter les licenciements, et d’autre part de détourner l’indemnité car elle n’est même pas versée aux salariés, c’est-à-dire que la société garde l’argent".

Selon un bilan communiqué fin juin, 3.000 contrôles du chômage partiel ont été effectués par les agents des Direccte, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et l’emploi. L’organisme dénombre 850 suspicions de fraude. Des fraudes passibles de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.