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«Quand je n'ai pas été augmenté, dans ma tête c'était fini» : la France face à la «grande démission»

Alexandra Jaegy et Clotilde Dumay, édité par Laura Laplaud . 2 min

Depuis le début de l'année, la France connaît une vague de démissions. 470.000 Français, en contrat à durée indéterminée (CDI), ont quitté leur emploi au premier trimestre, soit 20% de plus que l'année dernière. La première raison qui motive ces candidats au départ : le salaire.

C'est un phénomène qui nous vient tout droit des États-Unis . On appelle cela la "grande démission". Ces salariés qui claquent la porte du jour au lendemain et souvent sans prévenir, étonnant bien souvent l'entreprise qui n'a pas vu le coup venir. Près de 500.000 salariés, en contrat à durée indéterminée, ont quitté leur emploi depuis le début de l'année 2022. La première raison qui motive ces candidats au départ : le salaire.

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"Tu es plus pauvre qu'il y a un an, c'est absurde"

C'est le cas de Thomas, 27 ans, qui a démissionné en mai de son poste de commercial. "Dans mon point annuel, en janvier, quand je n'ai pas été augmenté, dans ma tête c'était fini. C'est vrai que le coût de la vie augmente, tu te dis que si ton salaire n'augmente pas à côté, tu es plus pauvre qu'il y a un an, c'est absurde", soutient-il.

Dans sa nouvelle entreprise, Thomas gagne près de 50% de plus. Un départ pour l'argent mais dans d'autres secteurs, comme la restauration, c'est aussi pour changer de vie. Alain Fontaine l'a constaté dans son restaurant parisien, il a perdu neuf employés, dont trois depuis le début de l'année. Les conséquences économiques sont significatives. "J'ai évidemment perdu du chiffre d'affaires en fermant le dimanche toute la journée et le samedi midi", regrette-t-il. "Car moi, j'étais ouvert sept jours sur sept."

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42% des moins de 35 ans envisagent de démissionner dans les 12 prochains mois

Des préoccupations financières qui ne sont plus celles des salariés depuis la crise sanitaire, explique Danièle Linhart, sociologue du travail. "C'est quelque chose qui a été accru par le Covid . Les gens ont commencé à réfléchir de plus en plus puisqu'on est impuissant dans le cadre de son travail. On est vraiment soumis à des horaires, à un salaire imposé. Maintenant, on va être insoumis dans le rapport à l'emploi, 'on va donner sa dem' comme ils disent, et on va passer à autre chose."

Un phénomène qui devrait durer : 42% des moins de 35 ans envisagent même de démissionner dans les 12 prochains mois. Une étude de la Confédération des petites et moyennes entreprises concernant les vagues de démissions sera publiée dans la matinée.

La CPME sort un rapport sur ce phénomène

La Confédération des petites et moyennes entreprises propose plusieurs solutions pour enrayer la question, notamment celle de jouer sur les allocations chômage. Le président de la CPME François Asselin estime qu'il est temps de réformer le système d'indemnisation : "Il faut qu'il y ait moins d'échappatoires au travail. Il ne faut pas, entre guillemets, que lorsque vous perdez votre emploi, vous alliez dans un cycle long, où on va attendre une formation, qui va mettre un petit peu de temps à arriver. Quand la formation arrive, ça prend encore du temps.

Et puis, cette formation n'est pas toujours adaptée ou n'a pas toujours un "œil qualitatif" par rapport aux employeurs potentiels, ce qui fait qu'on perd beaucoup de temps en éloignant la personne du marché du travail. C'est pour ça que nous défendons depuis toujours à la CPME ce qu'on appelle la préparation opérationnelle à l'emploi, c'est-à-dire mettre en milieu professionnel, dans une entreprise, le demandeur d'emploi et adapter la formation à l'entreprise, au milieu professionnel et aux demandeurs d'emploi."