Malgré une baisse des accidents en 2020, la plupart des principales compagnies d'assurance auto françaises ont augmenté leurs tarifs en 2021.  1:26
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Ugo Pascolo, Elise Denjean
Effet des deux confinements, moins de voitures ont circulé sur les routes en 2020, entraînant une baisse des accidents et une économie de quelque deux milliards d'euros pour les assureurs. Pourtant, la majorité des principales compagnies d'assurance auto françaises ont augmenté leurs tarifs, jusqu'à 2%, pour 2021. En cause : la hausse des prix des composants et la crise sanitaire.
DÉCRYPTAGE

L’UFC-Que Choisir dénonce "l’enfumage des assureurs". Selon l'association de défense des consommateurs, certaines compagnies d'assurance françaises ont économisé 2 milliards d'euros avec le premier confinement, grâce à une baisse des accidents de l'ordre de 20%. Mais alors que UFC-Que Choisir exigeait la restitution aux assurés du trop-perçu, beaucoup d'assurances auto vont augmenter leurs tarifs de 1,5% à 2% l'an prochain.

Deux des douze principales compagnies française ont gelé leurs tarifs en 2021

Si beaucoup d'assurés s'attendaient cette année à un geste de la part de leur assureur pour l'an prochain, cela ne sera pas le cas. Pourtant, à première vue, la baisse des sinistres devrait entraîner de manière mécanique celle des cotisations - 70% d'entre elles servant à l'indemnisation. Or sur les 12 principales compagnies françaises, seules deux ont annoncé un gel de leurs tarifs en 2021. De quoi mettre en colère Eva, qui n'est pas assurée chez une compagnie qui a opté pour ce geste. 

"Pour une personne qui n'a pas eu d'accident, qui n'a pas le droit de sortir, je ne pense pas que les cotisations méritent d'être augmentées. Et puis, c'est pas 50 centimes, c'est quand même 5-6 euros par mois donc sur l'année c'est plus d'une cinquantaine d'euros ! Je trouve ça honteux en fait !", lance-t-elle au micro d'Europe 1. 

Des hausses fondées ?

Mais l'équation n'est peut-être pas si simple qu'elle n'y paraît. Selon le porte-parole de l'Automobile Club Yves Carra, ces hausses sont fondées. "Quand on répare une voiture aujourd'hui, ça coûte de plus en plus cher parce que c'est bourré d'électronique et que le prix des pièces détachées augmente", avance-t-il. "Donc même avec moins d'accidents, peut-être qu'elles dépensent autant." 

Voyant le verre à moitié plein, Yves Carra pointe ensuite le nombre d'entreprises mis en difficulté par la crise sanitaire au coronavirus. "On espère que les assurances font bien leur travail vis-à-vis de ces  entreprises qu'il faut rembourser. Dans cette idée, peut-être que l'on donne un peu moins pour les automobilistes, mais un peu plus pour les professionnels", analyse le porte-parole de l'Automobile Club.

Faire jouer la concurrence

Reste que si un particulier trouve son assurance trop chère, l'homme rappelle la possibilité de changer son contrat : passer du tous-risques au tiers, voire, dans certains cas, au kilomètre. "Pourquoi pas ? Il y a peut-être des habitudes qui vont changer", avance-t-il. "Modifier le type de contrat peut faire vraiment une grosse économie à la fin de l'année."

Autre solution avancée par Yves Carra, faire jouer la concurrence. "C'est comme pour les abonnements téléphoniques ou les abonnements pour les box internet : quand vous voulez arrêtez, vous les appelez et tout à coup ils vous trouvent des réductions. Si vous dites à votre assurance auto qu'elle est trop chère, vous pourrez certainement obtenir une réduction, a fortiori si vous avez 50% de bonus."

Une réduction inscrite dans le code des assurances

De son côté, l'UFC-Que Choisir précise que cette réduction n'est en aucun cas un geste commercial, mais bel et bien un droit des assurés. "Le code des assurances est très clair : dès lors que les consommateurs font face à une diminution du niveau de leurs risques au cours de leur contrat, ils peuvent avoir droit à une diminution du montant de leurs primes" explique Matthieu Robin, membre de l'association. Alors pour simplifier les démarches, ce dernier a mis au point un courrier-type pour les particuliers qui voudraient faire valoir leurs droits. 

Pour que la règle devienne une généralité, l'UFC-Que Choisir en appelle au gouvernement et souhaite qu'il rende obligatoire la rétrocession du trop-perçu.