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Baptiste Morin // Crédit photo : MIGUEL RIOPA / AFP , modifié à
Le premier parc d'éoliennes flottantes en France verra le jour d'ici à la fin de l'année. Une technologie révolutionnaire qui permettra de placer plus loin des cotes ces grandes machines, là où le vent est plus fort. Au Portugal, trois éoliennes flottantes sont déjà en activité. 

Pour faire face à la demande croissante d’électricité, Emmanuel Macron a fixé l’objectif de 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050. Le premier a été inauguré au large de Saint-Nazaire en fin d’année dernière. Le deuxième est en construction dans la baie de Saint-Brieuc. Dans ces deux cas, il s’agit d’éoliennes fixées en profondeur sous la mer. Mais une nouvelle technologie doit être expérimentée l’année prochaine dans le golfe du Lion : des éoliennes flottantes, moins visibles des côtes et plus performantes. Un projet pilote existe déjà au Portugal et Europe 1 a pu s’y rendre.

Il faut parcourir 18 kilomètres en mer pour les découvrir : 3 éoliennes d’environ 200 mètres de haut. A chaque tour, leurs pâles semblent frôler les flots. La spécificité de ces installations : elles ne sont pas fixées dans le sous-sol marin, elles flottent sur un socle triangulaire jaune. "Il y a un système de ballaste dynamique, c’est-à-dire qu’il y a de l’eau qui circule entre les différentes colonnes pour équilibrer en permanence le flotteur et le maintenir à l’horizontale", explique Dominique Moniot, le directeur du développement de l’éolien en mer chez Ocean Winds, une joint-venture d’Engie avec l’énergéticien portugais EDP. "On voit que c’est assez stable, que ça ne bouge pas trop malgré la houle. C’est le but parce que si la fondation ne bouge pas, l’éolienne produit mieux." 

Plus loin, plus efficaces

C’est la différence avec ces éoliennes flottantes : elles peuvent être installées plus loin des côtes que les éoliennes en mer posées. Au large de Saint-Nazaire, les 80 éoliennes sont situés à une douzaine de kilomètres des côtes. Les éoliennes flottantes sont reliées au sous-sol marin par un câble qui les empêche de dériver. L’avantage : au large, les vents sont plus forts et réguliers, donc la production d’électricité est plus importante. En 2022, les 3 éoliennes flottantes au large du Portugal ont produit près de 80 gigawattheures. Leur taux de charge a dépassé les 45% lorsqu’il est de moins de 30% en moyenne dans l’éolien.

La prouesse technologie réside dans ce flotteur de plus de 2 000 tonnes conçu par une entreprise américaine implantée à Aix-en-Provence et Lisbonne, dans laquelle Ocean Winds a renforcé sa participation au mois de mai dernier. Engie mise sur ce procédé pour ses futures projets, notamment sa participation aux prochains appels d’offres en France comme ceux sur le littoral sur de la Bretagne.

Bientôt un projet pilote dans le sud de la France

Mais avant, il y aura déjà un parc pilote dans le golfe du Lion. Une installation similaire à celle au Portugal : 3 éoliennes sur une version améliorée des flotteurs. "C’est environ 30.000 foyers français qui pourront bénéficier de ce parc pilote. On est en phase de construction, l’installation est prévue en 2024", détaille Sergio Val, le directeur des énergies renouvelables chez Engie.

Reste l’enjeu du prix du Mégawattheure produit. Aujourd’hui, il est 2 à 3 fois plus cher qu’avec une éolienne terrestre. Mais le secteur mise sur la multiplication des projets et le développement de la filière industrielle pour réaliser des économies d’échelles et donc faire baisser le prix.