Paris vidée de ses touristes étrangers : "On fait 20% de ce que l'on faisait en 2019"

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Zoé Pallier, édité par Manon Fossat

Avec l'arrivée du variant Delta, les annulations de voyage dans la capitale s'enchaînent cet été. Alors que la région attendait 5 millions de touristes étrangers, Américains et Asiatiques n'ont pas fait le déplacement au grand regret des petites mains du tourisme qui peinent à sortir la tête de l'eau. 

Les touristes étrangers sont les grands absents de cet été 2021. En Ile-de-France les professionnels du tourisme attendaient 5 millions de touristes mais avec l'arrivée du variant Delta les annulations s'enchaînent. Sans les Américains et les Asiatiques la capitale n'a pas le même visage cette année, au grand désespoir des petites mains du tourisme impactées de plein fouet. C'est notamment le cas dans le quartier de Montmartre où les commerçants désespèrent de voir leur activité reprendre.

"Vous désirez poser tous les deux ?". Marie-Noëlle arrête sans trop y croire les passants, accoudée à son chevalet, sa boîte de pastel même pas entamée. Avant la crise, les touristes faisaient pourtant la queue pour lui acheter un portrait. "Maintenant on fait un dessin et puis on attend deux heures. C'est épuisant moralement", reconnaît l'artiste. À l'autre bout de la place du Tertre, Jean-Jacques a même hésité à sortir ses aquarelles. "Ce n'est pas ma clientèle du tout. Moi c'est plutôt des Américains de classe moyenne. Donc je suis juste venus bavarder, mais honnêtement, je ne vends rien", désespère-t-il. Résultat, peintres et portraitistes bradent leurs oeuvres à des touristes français ou européens.

Annulations en cascade

Quant aux guides, eux aussi réduisent la voilure. Faute de clients ils proposent moins de visites qu'avant sur la butte Montmartre, comme l'explique Emilie, qui choisit les meilleures boulangeries et cafés du quartier à faire découvrir aux touristes. "En 2019 j'avais des groupes de 9 à 12 personnes. Cette année on a beaucoup d'annulations et on se retrouve à faire des tours presque individuels", affirme la jeune femme.

Son groupe, même réduit à peau de chagrin, passe au pied du Sacré-Cœur, devant la boutique d'Antoine. Lui qui vend bracelets, magnets et bérets s'ennuie derrière son comptoir. "On fait 20% de ce que l'on faisait il y a deux ans. Certes des Français achètent des tours Eiffel mais ce n'est pas le même volume. Là où les touristes en achetaient plusieurs, eux en achètent une pour leur enfant, c'est tout", constate le vendeur. Et face à la situation, beaucoup de ces professionnels pensent même à arrêter tout simplement leur activité.