Paris veut interdire les vieilles voitures, les automobilistes se rebiffent

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AUTO - L'association 40 millions d'automobilistes conteste la décision d’interdire l’accès à la capitale aux véhicules immatriculés avant 1997.

En voulant lutter contre la pollution, la ville de Paris n’est-elle pas allée trop loin ? C’est en tout cas l’avis de l’association 40 millions d'automobilistes, qui a décidé mercredi de déclarer la guerre à la mairie pour la forcer à faire marche arrière. Une action de groupe devant la justice est même envisagée. Il faut dire qu’Anne Hidalgo a frappé un grand coup en décidant d’interdire prochainement l’accès à Paris aux véhicules de plus de 20 ans.

Ce qui va changer pour les automobilistes franciliens. Fin janvier 2015, la maire de Paris dévoilait son plan anti-pollution avec un objectif ambitieux : transformer la capitale en 'zone à basse émission'. Il faut dire que les Parisiens absorbent chaque jour 100.000 particules fines à chaque respiration, dont une part non négligeable provient des voitures. Pour réduire cette pollution, la municipalité a décidé d’interdire progressivement l’accès à Paris intramuros aux véhicules les plus anciens et donc les plus polluants.

Dès le 1er juillet 2016, les véhicules immatriculés avant 1997 n’auront plus le droit de circuler dans Paris la journée en semaine (de 8h à 20h), sous peine de se voir infliger une amende. A partir de 2020, la réglementation sera encore plus stricte puisque seuls les véhicules de moins de neuf ans, c’est-à-dire immatriculés avant 2011, auront le droit de circuler. Et l'interdiction portera alors aussi sur le week-end et la nuit. Une interdiction progressive est également prévue pour les deux-roues et les poids lourds, mais avec des calendriers différents.

Des automobilistes entrent en résistance. Sans surprise, les automobilistes concernés ont du mal à accepter une telle révolution. Des dizaines de propriétaires de vieilles voitures ont d’abord manifesté mi-avril dans Paris aux côtés de milliers de motards, mais cela n’a pas fait reculer la mairie, qui a toutefois prévu une exception pour les véhicules de collection.

L’association 40 millions d’automobilistes a donc choisi un autre angle d’attaque, cette fois-ci financier. A ses yeux, non seulement les propriétaires de vieilles voitures "ne pourront plus rouler avec" mais ils "ne pourront plus non plus les vendre" car "personne ne voudra les racheter" dans la région parisienne, argumente Pierre Chasseray, le délégué général de 40 millions d’automobilistes.

L’association estime donc que ces automobilistes sont victimes d’un préjudice et doivent être indemnisés : elle menace donc la mairie d’une action collective en justice. D’après ses calculs, 800.000 véhicules seraient concernés et perdraient en moyenne 1.250 euros en valeur à la revente. Soit une ardoise d’environ un milliard d’euros. Le cabinet spécialisé Inovev estime de son côté que 513.000 véhicules sont concernés. Une addition qui se chiffre en centaines de millions d’euros.

La mairie de Paris attend de voir. Cette menace est pour l’instant considérée comme purement virtuelle par l’équipe municipale. "La plainte n'a pas été déposée. Nous n'avons pas été notifiés. Nous ne savons pas sur quelle base juridique ils veulent attaquer", a réagi un porte-parole.

D’autant que la mairie de Paris estime avoir prévu des mesures de compensation pour ceux qui devront renoncer à leur voiture : des réductions aux abonnements Autolib, un pass Navigo gratuit, etc. En outre, les copropriétés pourront bénéficier d’aides financières à l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques ou de création d’abris vélos sécurisés. Des mesures spécifiques aux professionnels sont également prévues.

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Ce n’est visiblement pas suffisant pour l’association 40 millions d’automobilistes, qui propose une autre alternative : rendre obligatoire les "filtres de dépollution" qui permettraient à ses yeux d’éliminer "deux tiers des particules".