Nouvelle Calédonie : sans aide nouvelle, la fermeture de certains sites de nickel "paraît inévitable"

Les éléments de diagnostic contenus dans le rapport alimenteront les réflexions d'un groupe de travail sur le nickel.
Les éléments de diagnostic contenus dans le rapport alimenteront les réflexions d'un groupe de travail sur le nickel. © CLOTILDE RICHALET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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avec AFP // Crédit photo : CLOTILDE RICHALET / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
En Nouvelle-Calédonie, la fermeture de sites d'extraction et de transformation du nickel "paraît à ce jour inévitable" à défaut d'une "nouvelle intervention des acteurs privés et des pouvoirs publics", et malgré des soutiens "récents et massifs", indique un rapport remis mardi à la Première ministre Elisabeth Borne.

Le rapport de diagnostic écrit par l'Inspection Générale des Finances (IGF) et le Conseil Général de l'Economie (CGE), est rendu public moins d'une semaine après le retour d'Emmanuel Macron d'une visite en Nouvelle-Calédonie, durant laquelle il a promis un "projet nickel d'avenir" pour rendre rentables les usines qui exploitent ce minerai.

Les éléments de diagnostic contenus dans le rapport alimenteront les réflexions d'un groupe de travail sur le nickel, qui, avec l'ensemble des parties prenantes, devra proposer "d'ici à l'automne" des mesures pour "consolider l'avenir de la filière nickel", a indiqué Matignon dans un communiqué accompagnant la sortie du rapport.

Trois usines actuelles conduirait à une augmentation du chômage 

Selon le texte, la "défaillance simultanée" des trois usines actuelles "conduirait à une augmentation du chômage sur le territoire d'environ 50%", à un "déséquilibre" des comptes sociaux de la Nouvelle-Calédonie, et à des coûts environnementaux importants qui devraient être soutenus au moins partiellement par les pouvoirs publics.

 

Une telle faillite serait d'autant plus dommageable qu'au plan mondial, le nickel est l'un des métaux les plus recherchés de la transition énergétique en cours, surtout pour remplir les batteries des voitures électriques. La filière du nickel en Nouvelle-Calédonie pourrait "théoriquement représenter" à terme, "jusqu'à 85%" des besoins des giga-usines françaises de batteries en 2030, ou "14% des besoins de l'UE en 2035", explique le rapport.

"L'émergence d'autres opérateurs industriels"

Or "l'activité métallurgique n'est pas rentable" en Nouvelle-Calédonie, déplorent les experts : les trois industriels qui constituent l'essentiel de la filière (SLN, KNS et PRNC) "réalisent tous des pertes depuis plus de 10 ans".

Les mines et usines métallurgiques calédoniennes ne produisent pas assez et trop cher, résume le rapport. Surtout face à "l'émergence d'autres opérateurs industriels", notamment en Indonésie, qui bénéficient d'une énergie beaucoup moins chère, subventionnée par l'État, et de coûts de main d'œuvre cinq fois inférieurs à celui de la Nouvelle-Calédonie, analyse le rapport.

Et deux d'entre elles sont confrontées à "un épuisement progressif" de leurs gisements les plus riches. Or, ces entreprises ont bénéficié de financements publics "considérables": depuis 2016, l'Etat a octroyé "près de 700 millions d'euros de prêts" à deux d'entre elles en ouvrant "540 millions d'euros de garanties".