Un hashtag et plusieurs dizaines de milliers d'euros. #SauvonsLingerieIndiscrete. La manufacture de lingerie fine de Chauvigny dans la Vienne, placée en redressement judiciaire et dont le président Didier Degrand s'est suicidé le 10 août, a lancé au cœur de l’été une "vente solidaire" pour lever "100.000 à 150.000 euros" nécessaires à sa survie, annonçait la cogérante Béatrice Mongella, fin août. Un peu moins de trois semaines après, elle est venue faire le point au micro de Matthieu Noël sur Europe 1.
De quoi subvenir aux charges fixes. "On a traversé des moments très compliqués par la mise en place du redressement judiciaire et ensuite avec le décès de Didier Degrand. Mais tout le soutien que l'on reçoit aujourd'hui nous donne la force d'avancer et de se projeter dans l'avenir", assure Béatrice Mongella. Les ventes de la collection "Soutien", aux prix légèrement augmentés et mise en place pour renflouer les caisses du corsetier, permettent pour l'heure à Indiscrète de subvenir à ses dépenses fixes de fonctionnement. "Cette collection de soutien permet d'amener une trésorerie immédiate pour faire face aux salaires, aux achats de matières, aux fournitures, aux commissions, etc.", relève la coresponsable.
"La charité ne servirait à rien". Jusqu'à présent, il s'est écoulé environ 500 parures à 130 euros de cette collection, ce qui a permis à Indiscrète de récolter environ 65.000 euros. De son côté, le tribunal de commerce de Poitiers a donné jusqu'à janvier au fabriquant pour endiguer un déficit total de 200.000 euros. "Ça avance bien", se félicite Béatrice Mongella. Mais devant l'urgence de la situation, la mobilisation continue de s'organiser. "Le soutien est très diversifié, ce sont des particuliers et des entreprises qui offrent leurs services, qui font des dons à Indiscrète", rapporte-t-elle.
Mais pour elle, cette collecte ne doit pas seulement venir éponger des dettes, elle doit aussi servir de tremplin. "Il ne faut pas que ça s'arrête à ça, aujourd'hui la charité ne servirait à rien, ce serait reculer pour mieux sauter. Notre combat c'est d'avancer et de démontrer qu'Indiscrète existe, que le savoir-faire français existe", martèle la cogérante.
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Des idées mais peu de moyens. Fondée en 2010 par d'anciens cadres de la marque Aubade, Lingerie Indiscrète a peiné à se positionner sur le marché du luxe, faute de campagnes publicitaires conséquentes. "Ce qui manquait à Indiscrète, c'est la communication et le marketing, mais quand vous avez une trésorerie tendue…", concède Béatrice Mongella. "Les idées vous les avez et l'argent vous ne l'avez pas. Le chat se mord la queue. C'est une vraie descente aux enfers", déplore-t-elle.
"Il est possible de fabriquer en France, il faut juste en avoir envie et que les gens prenne conscience qu'acheter un produit Indiscrète, c'est sauver un emploi demain", fait-elle encore valoir. Actuellement, moins d'une pièce de lingerie sur 500 vendues en France y a été fabriquée, selon les chiffres de la Fédération indépendante du made in France.