L’horizon s’éclaircit pour le bâtiment après un début d’année noire

18.09.Batiment.immobilier.construction.grue.PRAKASH SINGH  AFP.1280.640
© PRAKASH SINGH / AFP
  • Copié
et Carole Ferry , modifié à
Les six premiers mois de l’année 2015 ont été aussi mauvais que l’année précédente. Mais le secteur pense avoir touché le fond.

Le secteur de la construction est scruté avec attention en France tant il constitue un indicateur fiable de l’état de santé de l’économie française. Or c’est un bilan très contrasté qu’a dressé vendredi la Fédération française du bâtiment (FFB). Côté pile, elle a confirmé que le secteur traverse une sérieuse crise : le premier semestre 2015 fut le plus mauvais depuis 2008. Côté face, la tendance est en train de s’inverser et laisse penser que le plus dur est passé.

Un début d’année très difficile. Tous les voyants sont restés dans le rouge au cours des six premiers mois de l’année avec une baisse de l'activité, une chute de l'emploi et des défaillances d'entreprises en hausse.

En ce qui concerne l’activité, c’est-à-dire le nombre de chantiers lancés et de demandes de permis de construire, elle est en baisse. Les autorisations de chantier ont reculé de 7,5% et les mises en chantier de 5,6% au cours des six premiers mois de l’année, par rapport à l’année précédente. Une baisse qui intervient après des trois années déjà difficiles dans le secteur résidentiel, comme le montre ce graphique ci-dessous. Quant au secteur non-résidentiel, le décrochage y est encore plus prononcé : -4,8% pour les autorisations et -14,9% pour les mises en chantier.

18.09.Graphique.emploi.batiment.FFB.1280.820

Faute de commandes, le secteur du bâtiment a logiquement détruit de l’emploi. "En termes d'emploi, le premier semestre affiche le plus mauvais score enregistré depuis l'entrée dans la grande récession de 2008, avec 44.600 postes de travail en moins (-3,8%) qu'au premier semestre 2014, y compris intérim en équivalent-emplois à temps plein", détaille la FFB. Et ce après des années 2013 et 2014 déjà compliquées.

Autre conséquence de cette baisse continue de l’activité, le nombre de défaillances d’entreprises du bâtiment a augmenté de 2,4% sur un an.

Après la chute, le secteur retrouve des raisons d’espérer. Le secteur estime néanmoins que le plus dur est derrière lui. Un début d’optimisme alimenté par plusieurs indicateurs : pour la première fois depuis longtemps, les carnets de commande se remplissent à nouveau. A la fois dans le secteur de la construction de maisons individuelles et du côté des promoteurs spécialisés dans le bâtiment collectif. Autant de "facteurs qui laissent toujours espérer   une   amélioration  de   la   situation  à l’horizon 2016", dixit la FFB.

Les raisons d’un tel regain d'optimisme. Le bâtiment serait donc en train de redémarrer, une embellie qui s’explique par plusieurs facteurs.  Il y a d’abord le prêt à taux zéro (PTZ), qui a été réformé de manière significative : la condition de performance énergétique a disparu, augmentant le nombre de logements éligibles au PTZ, et une déclinaison pour le milieu rural a été ajoutée. L’Etat a également donné un coup de pouce au secteur avec le nouveau dispositif Pinel, plébiscité par les spécialistes de la défiscalisation. Cet outil incite les investisseurs à acheter des logements pour les louer grâce à d’importantes déductions fiscales. Enfin, les taux d’intérêt historiquement bas incitent à devenir propriétaire ou à trouver un logement plus grand. Les acheteurs n’ont pas été les seuls à être soutenus : les entreprises du bâtiment ont aussi bénéficié de nouvelles aides et de la récente baisse des prix du gasoil.

L’Etat est donc proactif et la FFB considère même qu’il peut en faire plus. Cette dernière demande "qu'un nouvel effort soit engagé en matière de soutien à la primo-accession dans le neuf, qu'une extension temporaire aux résidences secondaires du crédit d'impôt pour la transition énergétique soit mise à l'étude et que soit très rapidement résolue la question de la sous-traitance dans l'éco-conditionnalité (ndlr, obligation de recourir à des professionnels qualifiés pour obtenir des aides à l'amélioration énergétique du logement)".

Le signe annonciateur d’une reprise plus générale ? Dans un pays où la construction pèse lourd, l’adage veut que quand le bâtiment va, tout va. Et pour cause : le bâtiment représente 7% du PIB, la moitié du secteur industriel, ou encore deux fois les secteurs de la banque et de l'assurance réunis. Autant dire que lorsque le secteur redémarre,  le reste de l’économie suit et les créations d’emplois reprennent. Ce qui explique que la santé du bâtiment soit scrutée à la loupe.