L'AP-HP : les négociations dans "l'impasse totale"

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Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP. © ERIC PIERMONT / AFP
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avec AFP
HÔPITAUX - Les syndicats appellent à une nouvelle grève le 11 juin, suite à l'échec de leur réunion avec Martin Hirsch vendredi.

Une "impasse totale", voilà comment l'intersyndicale a qualifié vendredi les discussions menées vendredi avec le patron de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch. Après une première proposition faite par la direction pour réorganiser le temps de travail et deux grèves, l'AP-HP avait transmis mardi un nouveau document aux représentants de salariés, dans lequel elle promettait de ne pas descendre en-dessous de 15 RTT par an et de conserver la pause-repas dans le temps de travail, contrairement à ce qui avait été envisagé dans un premier temps. Les syndicats, qui jugent ce geste insuffisant, maintiennent leur appel à la grève le 11 juin, avant un prochain round de négociations le 12 juin.

Les 35 heures, pas un sujet tabou pour les syndicats. Si l'intersyndicale, qui réunit sept organisations, "est prête à discuter des 35 heures avec Martin Hirsch, elle regrette que "son préalable" soit de "tout démonter, de détruire tous les acquis obtenus par le protocole de 2002, et ensuite de discuter des organisations de travail. Il prend le sujet à l'envers", a commenté vendredi Jean-Marc Devauchelle, représentant de SUD AP-HP. "On a un véritable malentendu, il persiste, il signe", et c'est "l'impasse totale", déplore ce syndicaliste. Il regrette par ailleurs, comme les autres syndicats, que le directeur général n'ait pas répondu aux préalables qu'ils avaient posés : cesser la judiciarisation des mouvements de grève dans certains établissements avant d'entamer toute discussion.

Ce que demandent les syndicats. L'intersyndicale revendique, elle, "le maintien" du nombre de jours RTT en vigueur, des droits spécifiques ainsi que des embauches. Elle souhaite l'intégration des CDD pour "permettre aux personnels la prise de leurs jours de repos". Les économies espérées par la direction en réformant le temps de travail, chiffrées à 30 millions, ne doivent pas se faire sur le dos des agents, estiment les syndicats.

Aujourd'hui, les 75.000 salariés (hors médecins) des 38 hôpitaux de l'AP-HP travaillent 38 ou 39 heures par semaine, avec un schéma de 7h36 ou 7h50 par jour. Ils bénéficient aussi de 18 à 20 jours de RTT par an.

Les propositions de Martin Hirsch. Alors que le patron de l'AP-HP assure désormais qu'il ne descendra pas en-dessous de 15 RTT par an, les schémas en 7h36 et 7h50 sont, eux, toujours sur la sellette afin d'être remplacés par un schéma en 7h30 par jour. Les salariés travailleraient donc plus mais avec une charge de travail journalière inchangée. Ce nouveau cadre, qui permettrait à l'AP-HP de faire 20 millions d'économies selon la direction, serait d'abord expérimenté dans une quinzaine de services avant une généralisation fin septembre.

Pourquoi l'organisation actuelle coince ? Si le patron de l'AP-HP souhaite revenir sur l'organisation actuelle du temps de travail, c'est que les RTT deviennent trop nombreux. Actuellement, en raison du manque de personnel, les salariés ne peuvent profiter de tous leurs RTT et ces journées, non prises, s'accumulent  sur des comptes épargne temps. Problème, le stock est évalué désormais à 74,7 millions d'euros, selon la direction. Une somme qui, si elle était réclamée par les salariés, mettrait à genoux l'AP-HP.