Lanceur d'alerte ? 25% des salariés des grandes entreprises n'hésiteraient pas

Près de 9 salariés sur 10 se déclarent "probablement" ou "certainement" prêts à dénoncer des faits graves dans leur entreprise.
Près de 9 salariés sur 10 se déclarent "probablement" ou "certainement" prêts à dénoncer des faits graves dans leur entreprise. © THOMAS COEX / AFP
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avec AFP , modifié à
Les affaires Luxleaks ou UBS France, dans lesquelles les lanceurs d'alerte ont été sanctionnés, semblent freiner les salariés à témoigner d'un problème au sein de leur entreprise.

Un quart des salariés des grandes entreprises n'hésiteraient pas à lancer une alerte pour témoigner d'un problème éthique, une proportion en nette baisse sur un an, d'après un sondage rendu public lundi.

Les salariés plus méfiants envers leurs entreprises. Globalement, près de 9 salariés sur 10 se déclarent "probablement" ou "certainement" prêts à dénoncer des faits graves, comme en 2014 et 2015. Mais la proportion des salariés certains de le faire s'effondre de 21 points en un an, mesure le baromètre BVA/Cercle d'éthique des affaires/La Poste, lancé en 2012. Signe d'une "méfiance plus prononcée" en 2016, moins de 6 salariés sur 10 (59%) font confiance à leur entreprise pour assurer leur protection et garantir leur anonymat s'ils devenaient lanceurs d'alerte. Ils étaient les trois quarts en 2015 (74%).

Des lanceurs d'alerte sanctionnés. Pour Yves Medina, président du Cercle d'éthique des affaires, "les récentes affaires LuxLeaks ou UBS France, largement médiatisées, et dans lesquelles les lanceurs d'alerte, malgré le bien-fondé reconnu de leur intervention, ont finalement été sanctionnés, ont eu sans doute une influence négative sur la perception des salariés des grandes entreprises". "Ce résultat démontre l'importance d'une mise en place rapide et opérationnelle dans l'entreprise du statut protecteur des lanceurs d'alerte prévu par la loi Sapin 2", estime Yves Medina.

Des mesures pour rassurer les lanceurs d'alerte potentiels. La loi Sapin 2, adoptée en novembre, a créé un statut du lanceur d'alerte et renforcé la protection des salariés. Elle oblige aussi les entreprises de plus de 50 personnes, les communes de plus de 10.000 habitants et l'administration à mettre en place des procédures de recueil des alertes. Un salarié sur deux fait état de l'existence d'un dispositif d'alerte dans son entreprise, comme par exemple un numéro de téléphone ou une adresse dédiée. 73% jugent "positive" l'évolution des comportements éthiques dans leur entreprise (-3 points). Pour discuter une question d'éthique ou de déontologie, les salariés feraient d'abord confiance à un représentant du personnel (75%) ou au responsable éthique de l'entreprise (74%), avant un collègue (65%) ou leur supérieur hiérarchique (64%).

Sondage réalisé du 3 au 18 octobre par internet auprès d'un échantillon de 1.004 salariés de grandes entreprises privées ou publiques.