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Retraites : l'âge pivot "a un objectif clair : éviter des départs précoces"

Jonathan Grelier . 2 min

Malgré des discussions récentes à Matignon, l'âge pivot reste une pierre d'achoppement majeure entre les syndicats dits "réformistes" et le gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites. Au micro d'Europe 1, l'économiste et directeur du Cercle de l'épargne Philippe Crevel plaide en faveur de cette mesure.

Pas de trêve sur le front de la grève contre le projet de réforme des retraites à la SNCF, après 17 jours de mobilisation. L'Unsa-Ferroviaire appelle bien à faire une pause, mais sa base ne semble pas tout à fait décidée à suivre la consigne. Après les discussions de jeudi à Matignon, le débat se cristallise sur la question de l'âge pivot qui serait fixé à 64 ans, froissant les syndicats, même ceux dits "réformistes". Alors que Premier ministre a déjà prévu de revoir les partenaires sociaux début janvier, le gouvernement laisse entendre que des marges de manœuvre existent sur le sujet.

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Un impératif économique contesté

Car l'impératif économique du maintien de cet âge légal dans le projet de réforme des retraites est contesté . "Cet âge pivot, ou âge d'équilibre, à 64 ans crée des tensions depuis le départ", rappelle l'économiste et directeur du Cercle de l'épargne Philippe Crevel, dimanche sur Europe 1. "La crainte du gouvernement est que les Français, qui aiment partir tôt à la retraite, utilisent le système par points pour liquider leur pension dès 62 ans. Or dans le système actuel il y a la durée de cotisation. Il faut avoir 42 années de cotisation pour pouvoir bénéficier de la retraite à taux plein ou attendre 67 ans."

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"Ce dispositif (l'âge pivot, NDLR) a un objectif clair : éviter des départs précoces et donc d'avoir des dépenses de retraite qui augmentent fortement. D'où l'idée de l'âge d'équilibre de 64 ans qui a été calculé depuis plusieurs années par le Conseil d'orientation des retraites", explique Philippe Crevel. "C'est l'âge qui permet d'équilibrer les comptes des régimes de retraite en dissuadant les Français de partir trop tôt", poursuit-il.

L'exemple de l'Agirc-Arrco

"Un durée de cotisation de 42 ans quand on commence à travailler à 22 ans, c'est la moyenne aujourd'hui de l'arrivée sur le marché du travail, (...) ça fait 64 ans. Et si on ne respecte pas ces 42 années, il y a déjà une décote aujourd'hui", appuie Philippe Crevel. Avant de prendre l'exemple de la retraite complémentaire des salariés du secteur privé Agirc-Arrco : "Depuis le 1er janvier 2019, l'âge pivot c'est l'âge légal, 62 ans, plus une année, soit 63 ans. Ce n'est pas 64 ans mais on s'en rapproche."

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Comment dès lors ne pas pénaliser ceux qui commencent à travailler plus tôt ou qui ont un travail pénible ? "Le gouvernement a ouvert deux voies : la reconnaissance des carrières longues et l'amélioration du compte de pénibilité en doublant les points possibles ou en prenant en compte d'autres critères que ceux qui sont reconnus", répond Philippe Crevel.

La CFDT remontée

"Pour le moment, cela ne suffit pas à la CFDT pour accepter l'âge pivot de 64 ans, car dès le départ la CFDT avait indiqué qu'il ne fallait pas avoir une vision paramétrique ou plutôt une vision d'équilibre financier et voulait une réforme par points et qu'on ne traite pas la question de l'âge de départ à la retraite", observe l'économiste.

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A l'instar du démographe Hervé Le Bras dans Le Monded'autres voix s'élèvent pour critiquer l'urgence à prendre des mesures d'économie. Un point de vue que ne partage pas Philippe Crevel : "Le problème, ce sont les 5 milliards de trop. On rajoute des milliards aux milliards." Et de conclure : "Il faut les payer et les faire payer aux actifs à un moment ou à un autre et donc aux jeunes. Donc c'est pénaliser l'emploi et le niveau de vie des actifs et des jeunes générations qui sont aujourd'hui très concernées par cette question du pouvoir d'achat."

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