Grèce : Varoufakis avait un plan B, pirater l'administration fiscale

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B.W. avec AFP , modifié à
Lors de son mandat, l’ex-ministre grec des Finances avait prévu de créer un "système bancaire parallèle" en cas de faillite du pays.

Une cellule de travail secrète et un piratage du logiciel de l’administration fiscale pour créer un système bancaire parallèle. Pour échafauder son plan B, devant permettre de faire face à un éventuel retrait de l’aide financière de la BCE, le sulfureux Yanis Varoufakis avait tout prévu. Depuis qu'il a été dévoilé au grand jour, ce projet d'un "système bancaire parallèle", élaboré durant son mandat de ministre des Finances, suscite la polémique.   

Pirater l’administration fiscale. C’est le quotidien grec I Kathimerini qui a révélé, dimanche, le surprenant plan B de l’ancien ministre, qui a démissionné du gouvernement au lendemain de la victoire du "non" lors du référendum du 5 juillet dernier. Lors d'une téléconférence organisée avec des responsables de fonds spéculatifs à Londres, le 16 juillet, Yanis Varoufakis a expliqué qu'il avait l'intention de mettre en place "un système bancaire parallèle" en piratant le logiciel de l'administration fiscale grecque. Défenseur d’une ligne dure vis-à-vis des créanciers, l'ancien trublion du gouvernement d'Alexis Tsipras avait déjà reconnu avoir été partisan d'un "plan B" pour faire peur aux Européens. 

Contourner la politique "agressive" de la BCE. A l'occasion de cette téléconférence en partie retranscrite par le quotidien de centre droit, Yanis Varoufakis explique que l'idée était de "créer clandestinement des comptes secrets reliés au numéro fiscal de chaque contribuable" grec, pour que, le moment venu, les contribuables puissent utiliser " ce mécanisme parallèle de paiement vis-à-vis des gens à qui ils doivent de l'argent ou pour payer leurs impôts à l'Etat". "Cela aurait créé un système bancaire parallèle au moment où les banques étaient fermées à cause de l'action agressive de la Banque centrale européenne (BCE) visant à nous étrangler", a ajouté l'ex-ministre, toujours député Syriza. 

L’opposition réclame une enquête. Au sein du parti de gauche au pouvoir, la gêne était perceptible lundi. "Le plan Varoufakis n'a jamais été discuté, cela rappelle un bon roman", a assuré le ministre adjoint grec des Finances Dimitris Mardas, reconnaissant, si les faits étaient confirmés, qu'une "question de légalité" pouvait se poser. Quant aux partis grecs d'opposition la Nouvelle-Démocratie (droite), le Pasok (socialiste) et To Potami (centre gauche), ils ont appelé le gouvernement d'Alexis Tsipras à enquêter sur ces révélations. 

Varoufakis répond à la polémique. L’ex-ministre, lui, s’est expliqué dans un entretien avec le journal britannique The Daily Telegraph en ligne lundi. Varoufakis y confirme, dans les grandes lignes, la teneur de son intervention dans le cadre d'un rendez-vous organisé par le Forum officiel des institutions financières et monétaires (OMFIF).

Toutefois, le très médiatique Varoufakis accuse la presse grecque d'avoir "complètement déformé ses propos" en voulant le faire passer pour "un escroc". L’ex-ministre des Finances soutient qu’il était "complètement contre le démantèlement de l'euro" et cherchait une solution de remplacement face au manque de liquidités entraîné par la politique de la BCE à l'égard de la Grèce.