Free tente de se relancer avec la Freebox Delta, "haut de gamme" mais "accessible"

Thomas Raynaud Free
Thomas Raynaud estime qu'avec la Freebox Delta, Free va "repartir de l'avant". © ERIC PIERMONT / AFP
  • Copié
avec Emmanuel Duteil , modifié à
L’opérateur a présenté mardi sa nouvelle box qui tranche avec la ligne en place jusqu’alors. Riche en contenus et très design, mais aussi plus chère, la Freebox Delta doit relancer Free, en perte de vitesse depuis quelques mois.
INTERVIEW

Free change de braquet. L’opérateur, jusqu’ici spécialiste des prix cassés, a amorcé mardi un virage à 180 degrés en lançant la Freebox Delta, une box Internet haut de gamme dans ses services, mais aussi dans son prix : 60 euros par mois. "On a écouté ce que voulaient nos abonnés : ils demandaient plus de rapidité, plus de contenus, plus d’émotions. On s’est aligné sur leurs attentes et les évolutions des usages", explique Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad, la maison-mère de Free, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, mardi sur Europe 1.

Écoutez l'interview intégrale de Thomas Reynaud à 22h20 dans le journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.

Une multitude de services. Pour 49,99 euros par mois (plus 10 euros par mois pour le son Devialet ou 480 euros d’un coup à l’achat), les clients qui opteront pour la nouvelle Freebox auront droit à un nombre d’options impressionnant : la fibre à 10 gigabits/seconde, Netflix et TV by Canal, 600 chaînes de télé à regarder en 4K HDR, la presse illimitée, un disque dur d’un téraoctet extensible, une enceinte connectée Devialet, avec "le meilleur son au monde" et qui inclut Amazon Alexa ou encore un "pack sécurité" avec alarme anti-intrusion.

"C’est une box haut de gamme mais qu’on a souhaité rendre accessible", assure tout de même Thomas Reynaud. "Avec cette box, vous faites des économies sur tous les services que l’on a intégrés. Il y a beaucoup de personnes qui n’ont pas d’enceinte connectée ou de home cinéma mais qui rêveraient d’y accéder. On a essayé de faire un concentré de services dans un même objet, en lui donnant en plus un design sympa", soutient le directeur général d’Iliad.

Stratégie à bout de souffle. Free, qui a bousculé le marché des télécoms avec ses offres à prix cassés, change donc de stratégie. Un revirement qui ressemble à une réponse nette à la baisse du nombre d’abonnés que subit actuellement l’opérateur : Free a perdu 160.000 clients sur le mobile et 61.000 sur le fixe depuis le début de l’année (sur un total de 20 millions). Même s’il s’agit, selon le groupe, essentiellement de personnes ayant souscrit des offres à un et deux euros, ces départs conséquents tirent le chiffre d’affaires de Free à la baisse : -0,8% sur les trois premiers trimestres par rapport à 2017.

Entendu sur europe1 :
On aime la bagarre, on n’a pas peur de la concurrence

Derrière cette période compliquée se cache un essoufflement du modèle économique de Free. La stratégie des prix mini a permis au quatrième opérateur de rentrer en force sur le marché mais depuis, la concurrence s’est alignée, avec souvent un réseau de qualité supérieure. "On est sur un marché ultra-concurrentiel. On se doit parfois de faire certaines promotions mais tout en ayant un équilibre économique qui tienne la route. Il y a eu des offres de nos concurrents qui parfois n’avaient aucune rationalité économique", déplore Thomas Reynaud.

Free se prépare à la "bagarre". Mais le directeur général d’Iliad assure que Free ne rendra pas les armes. "Chaque abonné perdu est un abonné perdu de trop", concède-t-il. "On souhaite repartir de l’avant. C’est dans l’ADN de Free de prendre des parts de marché et de faire grossir la base d’abonnés. On aime la bagarre, on n’a pas peur de la concurrence", assure Thomas Reynaud. "On regarde l’avenir avec beaucoup d’excitation et de confiance", martèle-t-il, certain qu’avec la Freebox Delta, Free "a de nouveau réussi à surprendre".

Free "ne se focalise pas sur la consolidation"

C’est une petite musique que jouent les trois opérateurs historiques : Orange, SFR et Bouygues estiment tous que le marché est trop petit pour quatre opérateurs télécoms et qu’une consolidation via la fusion de deux acteurs est inévitable. Un sentiment que ne partage pas Free. "On ne se focalise pas sur cette question de la consolidation. Pour nous, le marché peut rester à quatre opérateurs", estime Thomas Reynaud. Si toutefois cela devait arriver, "Free ne sera pas le déclencheur de cette consolidation", ajoute-t-il. "Nous avons vocation à rester indépendant."