Les grandes entreprises utilisent régulièrement l'optimisation fiscale pour réduire leurs impôts. (Illustration) 1:18
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Margaux Fodéré / Crédit photo : Daniel LEAL / AFP , modifié à
Dans un entretien accordé au journal "Le Monde", le ministre des Comptes publics a dévoilé son plan d'action contre la fraude fiscale. L'exécutif compte bien resserrer la vis autour des plus riches et des multinationales et trouver des failles dans leur optimisation fiscale. Mais pour certains économistes, le plan d'action pourrait ne pas rapporter autant que souhaité.

L'exécutif part en guerre contre la fraude fiscale. Selon les estimations des syndicats Solidaires Finances publiques, le phénomène coûterait entre 80 et 100 milliards d'euros chaque année à l'État. Alors, l'exécutif souhaite resserrer la vis autour des plus riches et des multinationales. Le ministre des Comptes publics veut notamment s'attaquer à ce qu'il nomme la zone grise de l'optimisation fiscale. 

Des différences de fiscalités avantageuses

Les plus gros contribuables et les grandes entreprises y ont souvent recours, bien aidés par les cabinets d'avocats dont c'est le métier. Si à l'origine, cette pratique est tout à fait légal, pousser à l'extrême la réduction d'impôt peut faire basculer dans l'illégalité. Mais pour le fiscaliste Éric Pichet, les entreprises cherchent d'abord à profiter de l'écart de fiscalité entre les pays. 

"Les multinationales peuvent être tentées de vendre des biens ou des services à leurs filiales basées dans un pays à faible imposition, à un prix qui est exagérément bas, et accroître le bénéfice dans les pays où les taux d'imposition sont faibles", explique-t-il au micro d'Europe 1. 

Un plan vraiment utile ?

"Cette technique fait que ça réduit les impôts à payer en France. Et donc on peut considérer qu'il y a un abus ou de la fraude à partir du moment où le prix de vente des biens ou des services ne correspond pas au prix réel du marché" poursuit l'économiste. 

"Alors, le gouvernement cherche à accroître les recettes fiscales en France. Mais ce plan aura sans doute beaucoup moins d'impact que l'impôt minimum de 15% partout dans le monde, qui devrait entrer en vigueur en 2024. On attend pour ce simple plan (impôt minimal mondial à 15%), entre 5 et 10 milliards d'euros de recettes fiscales supplémentaires pour l'impôt sur les sociétés dans l'Hexagone", conclut le professeur de fiscalité.