Facebook prêt à croître même aux dépens des utilisateurs, selon un mémo interne

L'auteur du mémo s'interroge sur les conséquences négatives de Facebook.
L'auteur du mémo s'interroge sur les conséquences négatives de Facebook. © Mladen ANTONOV / AFP
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avec AFP , modifié à
"Il est possible que cela coûte des vies en exposant les personnes au harcèlement" et que "quelqu'un meure dans une attaque terroriste coordonnée à travers nos outils", explique le mémo.

La crise continue chez Facebook. Les problèmes du réseau social s'aggravent vendredi avec la fuite d'un mémo interne d'un cadre dirigeant, datant de deux ans et affirmant que le réseau social est déterminé à croître même aux dépens des risques pour ses utilisateurs. L'auteur de ce mémo, qui a été révélé jeudi par le site internet Buzzfeed, est Andrew Bosworth, cadre dirigeant du groupe, considéré comme proche du fondateur et président Mark Zuckerberg. Dans un communiqué reçu jeudi, ce dernier a cependant pris quelques distances avec son propre texte. "La triste réalité est que nous croyons tellement au rapprochement des individus que tout ce qui peut nous permettre de connecter plus de gens entre eux et le plus souvent possible nous semble de facto bon", affirme le mémo. Le texte rappelle que ces connections permettent aussi aux utilisateurs de trouver l'âme sœur ou d'éviter un suicide, mais son auteur s'interroge cependant sur leurs conséquences négatives.

"Les gens plus proches les uns des autres". "Il est possible que cela coûte des vies en exposant les personnes au harcèlement" et que "quelqu'un meure dans une attaque terroriste coordonnée à travers nos outils", poursuit le mémo. Andrew Bosworth était pourtant connu pour être un vigoureux défenseur de Facebook, imperturbable dans l'expression de ses opinions. "Je ne suis pas d'accord aujourd'hui avec ce texte et ne l'étais même pas lorsque je l'ai écrit", souligne-t-il cependant dans son communiqué. "L'objet de cette note, comme de beaucoup d'autres que j'ai rédigées en interne, était de faire remonter des sujets qui méritaient, à mon avis, plus de discussions de façon plus large au sein de l'entreprise", explique l'auteur. "Nous n'avons jamais pensé que la fin justifie les moyens. Nous reconnaissons que connecter les gens n'est pas en soi suffisant. Nous avons aussi besoin d’œuvrer pour rendre les gens plus proches les uns des autres", a souligné le fondateur de Facebook.

Utilisation des données personnelles. Cette fuite se produit au moment où l'utilisation des données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook par la société de conseil britannique Cambridge Analytica, qui a travaillé à la campagne électorale du président américain Donald Trump en 2016, est scrutée par la Justice, des deux côtés de l'Atlantique. Facebook a déjà transmis des documents à la justice de l'Etat de New York et a fait part de son désir de collaborer pleinement à l'enquête, a indiqué jeudi le procureur Eric Schneiderman, au sujet des investigations relatives à l'affaire Cambridge Analytica.