EDITO - Enchères sur la 5G : "La France a fait un choix plus industriel que budgétaire"

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Pour l'éditorialiste Nicolas Barré, la France est déjà à la traîne dans la 5G. © Josep LAGO / AFP
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Nicolas Barré
Dans son édito éco, Nicolas Barré analyse le choix du gouvernement de fixer un prix minimal à payer pour les opérateurs télécoms de 2,17 milliards d'euros. Selon lui, le gouvernement aurait pu en tirer davantage, comme l'État italien, au risque de faire reposer in fine le coût de ces fréquences sur les consommateurs.
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Les opérateurs télécoms connaissent désormais la totalité des conditions d'attribution des fréquences utilisées pour le déploiement de la 5G : dimanche soir, le gouvernement a fixé le prix minimum de 2,17 milliards d'euros à payer pour fournir cette technologie appelée à remplacer progressivement la 4G. Dans son édito éco, lundi matin, Nicolas Barré compare la stratégie du gouvernement dans ce domaine avec celle adoptée par l'exécutif italien, qui a davantage privilégié la logique budgétaire dans la fixation de ce prix.

"Pour déployer la 5G, les opérateurs ont besoin de fréquences. Or ces fréquences, c’est un bien public, c’est un patrimoine qui appartient à tous les Français. L'État vient donc de fixer un prix minimum d’un peu plus de 2 milliards d’euros que les opérateurs devront payer pour pouvoir proposer de la 5G.

Cette somme, au passage, est comparable à ce que l’État vient de récupérer dans la privatisation de la FDJ. Ce sont donc deux fois 2 milliards d’euros, au minimum, qui vont rentrer dans les caisses de l'État grâce à la vente d’un bout du patrimoine public."

Est-ce que l’Etat aurait pu en tirer plus d’argent ?

"Oui. En Italie, l’État a vendu moins de fréquences - 200 MHz contre 310 MHz chez nous - pour beaucoup plus cher : 6,5 milliards d’euros ! Mais l’État italien était dans une pure logique budgétaire. Et ça veut dire qu’ensuite, les opérateurs qui ont payé très cher vont se rattraper sur les tarifs facturés aux clients.

La France a fait un autre choix, plus industriel, dans l’espoir de développer toutes les possibilités de la 5G. Car au bout du compte, il s’agit de bâtir un réseau capable de faire circuler plus de données plus vite. C’est crucial pour la voiture autonome, les aéroports, les usines du futur, le secteur de la santé avec la consultation à distance, les objets connectés…

Pour développer tout ces services, il valait mieux ne pas commencer par plomber les opérateurs avec des tarifs de fréquence exorbitants. Maintenant, il est urgent de passer à la suite car sur la 5G, la France a déjà un peu trop traîné. En Chine, l’Etat qui planifie tout planche déjà sur la 6G."