Démantèlement de Vivarte : de André à La Halle aux chaussures, qui est concerné ?

Vivarte se sépare notamment d'André, sa marque historique.
Vivarte se sépare notamment d'André, sa marque historique. © GEORGES GOBET / AFP
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Clément Lesaffre, avec Pauline Jacot et Agences , modifié à
Vivarte, groupe spécialisé dans l'habillement qui traverse une grave crise financière, a décidé de se séparer de plusieurs marques et de fermer des centaines de magasins.

En grande difficulté financière, le spécialiste de l'habillement et des chaussures Vivarte a détaillé mardi, lors d'un comité central d'entreprise, les modalités de sa restructuration. Le groupe, qui emploie 16.000 personnes et a réalisé un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros en 2015-2016 (-8% par rapport à l'exercice précédent), va se séparer de certaines marques emblématiques comme André et Naf Naf. La Halle aux chaussures est concernée par un vaste plan social. Les marques jugées vieillissantes de Vivarte peinent face à la concurrence d'Internet et malgré les 45 millions d'euros reçus au titre du CICE depuis 2013, le groupe doit procéder à un démantèlement d'ampleur pour espérer combler sa dette d'1,3 milliard d'euros.

  • André : la marque historique en perdition

Le chausseur fondé en 1896 était le navire amiral de Vivarte. Jusqu'en 2001, le groupe s'appelait même André. Une époque désormais révolue puisque le groupe va mettre en vente André dès mercredi, comme l'annonçait Europe 1 dès le 4 janvier. La cession comprend l'ensemble des 135 magasins de la marque, qui emploie 786 personnes. Un repreneur aurait été trouvé mais son nom n'a pas été annoncé aux salariés. Depuis l'annonce en septembre de la fermeture programmée de 55 magasins sur cinq ans, la direction du groupe avait démenti début janvier toute velléité de vente de la marque de chaussures.

Après des années de résultats florissants, André perd désormais 10 millions d'euros par an. L'avenir des salariés est suspendu aux ambitions du repreneur mystère. Christophe Martin, délégué CGT est sorti dégoûté de la réunion : "Le PDG Patrick Puy (nommé en octobre 2016, il est le 5ème PDG de Vivarte depuis 5 ans, ndlr) ne veut que rembourser la dette, il veut du cash donc il vend. Les salariés aujourd'hui, on s'en fout. Tout ce qu'on espère, c'est avoir un beau repreneur qui nous reprenne dans la totalité", affirme-t-il au micro d'Europe 1.

  • Naf Naf : vendue en lot

Vivarte se sépare également de Naf Naf. L'enseigne de prêt-à-porter féminin succède à Pataugas, Kookaï et Chevignon, dont la cession ont été décidées l'été dernier. Pour la CFDT, en ajoutant Naf Naf dans la corbeille, la direction entend faciliter la vente. Naf Naf compte près de 196 boutiques en France . Malgré un chiffre d'affaires en hausse de 2,8% en 2016 à 180 millions d'euros, l'enseigne accuse des pertes de 14 millions d'euros. Il y a trois ans, elle enregistrait un bénéfice de 36 millions...

  • La Halle aux chaussures : une fusion et des emplois supprimés

La direction de Vivarte a annoncé la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) à La Halle aux chaussures. 141 magasins sur 650 vont fermer et 41 autres vont fusionner avec des points de vente La Halle (vêtements), selon les informations de la CGT. Les sièges de La Halle aux chaussures et de La Halle vont également fusionner. Au total, plus de 730 postes devraient être supprimés à La Halle aux chaussures (sur 3.900 salariés), selon la CGT. La CFDT estime que le nombre s’élèverait plutôt à 800 emplois et évoque la fermeture de 133 à 140 magasins. Les deux sièges emploient actuellement 520 personnes et la moitié seraient menacées. Le PSE passera par une phase de départs volontaires et "aucun licenciement" ne sera fait dans les sièges.

Après l'annonce de la fermeture des magasins, certains salariés de La Halle aux chaussures étaient "en état de choc". "Notre magasin fait partie de ceux qui ferment", soupire Martine Moujol, qui gère une boutique avec son mari depuis 29 ans, au micro d'Europe 1. "On s'y attendait vu les chiffres catastrophiques. On a perdu 50% de chiffres d'affaires en trois ans. Mais c'est difficile à encaisser." Elle blâme la politique commerciale "passive" de Vivarte. "On a laissé la concurrence s'installer sans jamais rien faire. Voilà le résultat et c'est nous qui payons".

  • Vivarte Services : des départs volontaires

Un autre plan de sauvegarde de l'emploi est prévu chez Vivarte Services, la filiale fonctions support du groupe qui emploie 240 salariés, avec une phase de départs volontaires. L'objectif est d'"adapter" l'organisation à la "réduction du périmètre du groupe réalisée et à venir". Une mesure qui permettrait de réaliser 6 millions d'euros d'économies par an.