La croissance française lors de l'année 2021 a atteint un nouveau record 4:41
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Clément Perruche
Selon l'Insee, la croissance du PIB français a atteint les 7% en 2021. Un record à mettre en perspective avec la chute, elle aussi record, du PIB en 2020. Pour l'économiste Matthieu Plane, cette croissance record est une bonne nouvelle pour l'économie, mais des menaces pèsent sur la croissance future, notamment le prix des matières premières ainsi que la dette.
INTERVIEW

Selon les premières estimations de l'Insee, publiées ce vendredi 28 janvier, le PIB hexagonal a augmenté de 7% au cours de l'année écoulée. Si ce chiffre se confirme, ce serait la plus forte croissance annuelle enregistrée depuis 52 ans en France, et une des plus importantes d'Europe.

Plusieurs facteurs expliquent ce chiffre record. D'abord, l'année 2020 a été marquée par une chute record de 8% du PIB à cause du Covid-19. Donc la croissance lors de l'année 2021 a effectué un rattrapage mécanique de cette chute. Mais les chiffres révélés par l'Insee ce vendredi dépassent toutes les prévisions. Cela montre que l'économie française repart fort.

Une croissance tirée par la consommation des ménages et les investissements

"Cette croissance est historique. Comme 2020 avait été historique à la baisse", analyse Matthieu Plane, économiste à l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) et invité d'Europe Midi ce vendredi. "La croissance a été plus forte que prévu parce que le redémarrage a été plus rapide. Depuis un an et demi, la France s'en sort un peu mieux que les grands pays européens. Cela veut dire qu'il y a une gestion économique et sanitaire plus performante."

Cette forte croissance s'explique également par le fort soutien dont ont bénéficié les entreprises tout au long de la crise sanitaire. Le "quoi qu'il en coûte" a évité des faillites en cascade et a permis à l'économie de redémarrer très vite. La hausse de la consommation, elle aussi, explique en partie ce bond spectaculaire de la croissance. Pendant les différents confinements et couvre-feux, les Français ont beaucoup épargné. Une épargne qui a été dépensée lorsque les magasins ont rouvert. "Les ménages, lorsqu'on lève les restrictions sanitaires, retournent consommer", se réjouit Matthieu Plane. "Ça permet d'être résilient."

L'industrie redémarre elle aussi très fort, tout comme l'investissement des ménages, des entreprises et des collectivités. "Les entreprises investissent. Normalement, ce n'est pas le cas dans les crises. Elles ont notamment accéléré leur transformation numérique, ce qui est favorable pour la suite", salue l'économiste.

La dette et le prix des matières premières menace le futur

Des secteurs continuent cependant de souffrir comme l'hôtellerie, le transport, le tourisme, mais l'Insee est optimiste pour l'année 2022 et estime que la croissance pour l'année en cours s'élèvera à 4%. Matthieu Plane prévoit tout de même des difficultés pour l'année à venir. "On voit qu'il y a quelques nuages noirs, notamment le prix des matières premières, l'inflation, la question de la dette qui va se poser. Le 'quoi qu'il en coûte' a été efficace mais il laisse une dette importante", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1.

Avec l'augmentation de la dette, des questions se posent autour du remboursement de l'énorme facture que représente la crise Covid. "C'est tout l'enjeu de l'après", décrypte l'économiste. "Aujourd'hui, il n'y a plus de règles budgétaires en Europe. La Banque centrale nous protège des marchés. En réalité, on a pas de risque sur notre dette. Mais la question va être de renégocier des règles budgétaires et il est probable qu'il y ait un effort budgétaire à faire pour la suite."