Comment remplacer sa chaudière au fioul par un chauffage plus écologique ?

Chaudière fioul
Près de quatre millions de Français se chauffent encore au fioul en France. © MYCHELE DANIAU / AFP
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Édouard Philippe a annoncé mercredi son intention de ne plus avoir la moindre chaudière au fioul en France dans dix ans. Pour aider les consommateurs à s’en débarrasser, des aides existent.

Supprimer les chaudières au fioul d’ici à dix ans : c’est l’objectif ambitieux de transition énergétique formulé mercredi par le Premier ministre, sur RTL. En pleine grogne sur le prix des carburants (dont le fioul fait partie), Édouard Philippe veut inciter les Français à se débarrasser des énergies fossiles pour le chauffage domestique. Un challenge de taille : en France, 12% des ménages se chauffent au fioul, soit près de quatre millions de foyers (2,8 millions de maisons individuelles et 600.000 copropriétés). Toutefois, des aides existent pour que la facture du changement de chaudière ne soit pas trop salée.

Des alternatives coûteuses. Selon les chiffres du Centre d'études et de recherches économiques sur l'énergie, entre 45.000 et 81.000 chaudières au fioul disparaissent chaque année. La décision de changer ou de persévérer dépend lourdement des variations du prix du pétrole. Un rythme de transition relativement lent qui s’explique aussi par le prix des alternatives : comptez entre 3.000 et 9.000 euros pour une chaudière biomasse, qui fonctionne au bois, et entre 5.000 et 12.000 euros pour une pompe à chaleur.

Une prime à la conversion de 2.000 à 3.000 euros. Actuellement, pour changer d'équipement de chauffage, les ménages peuvent déjà utiliser le Crédit d'impôt transition énergétique (CITE) ou les Certificats d'économie d'énergie (CEE), dont le montant varie en fonction des travaux engagés et de la composition du ménage. Mais il existe aussi une aide spécifique, instaurée, en 2017, par Ségolène Royal. Telle qu’elle existe aujourd’hui, cette "prime" permet de remplacer sa chaudière au fioul (et uniquement ce type d’équipement) par un système plus écologique.

Le dispositif, reconduit pour la période 2018-2020, s’accompagne de conditions. D’un montant de 2.000 euros pour les ménages "modestes" et 3.000 euros pour ceux "très modestes", elle ne peut servir qu’à installer une pompe à chaleur, une chaudière biomasse ou encore un système de chauffage à l’énergie solaire. C’est cette prime à la conversion qu’Édouard Philippe a annoncé mercredi vouloir "développer pour faire en sorte que les Français puissent se libérer de cette contrainte extraordinaire d'utiliser le fioul pour se chauffer".

Vers une extension de la prime ? Le Premier ministre n’a toutefois pas donné de chiffres et a simplement promis que l’État prendra en charge "un tiers du coût global de transformation". Le détail du dispositif sera en fait connu d'ici à la fin du mois, au moment de la publication de la feuille de route énergétique, précise-t-on au gouvernement. La mesure pourrait entrer en vigueur progressivement à partir de l’an prochain, ajoute-t-on.

Selon Le Figaro, l’exécutif envisagerait d’augmenter et d’élargir la prime à la conversion. "Des discussions sont en cours avec le ministère de la Transition écologique pour augmenter le montant maximal à 3.500 euros et élargir le nombre de personnes éligibles", explique au quotidien Nicolas Moulin, président de PrimesEnergie.fr, site spécialisé dans les aides pour des travaux de rénovation énergétique. Une telle mesure permettrait de convaincre des ménages relativement aisés, le plus souvent en zone rurale, de se débarrasser de leur chaudière au fioul.

 

 

 

Édouard Philippe ne fait pas l’unanimité

Les annonces d’Édouard Philippe sur le fioul n’ont pas convaincu tout le monde. "Ce sont des annonces irréalistes à nos yeux", regrette au micro d’Europe 1 Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants & chauffage. "Elles oublient qu’il y a des substituts possibles au fioul domestique en incorporant de l’énergie renouvelable dans des bio-liquides." Il reproche ainsi au gouvernement de "pousser les consommateurs à utiliser les réseaux électriques avec des pompes à chaleur qui poseront des problèmes de production d’électricité".