Carlos Ghosn, devant le tribunal pour la première fois, se dit "faussement accusé"

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Vêtu d'un costume sombre, sans cravate, sandales vertes en plastique au pied, Carlos Ghosn est apparu nettement amaigri, les joues creuses et menotté. © JIJI PRESS / AFP
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avec Régis Arnaud et AFP , modifié à
Mardi, l'ancien PDG de Nissan Carlos Ghosn, qui comparaissait pour la première fois devant un juge japonais pour abus de confiance, s'est dit "faussement accusé".

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s'est dit mardi "faussement accusé et détenu de manière injuste", lors de sa première comparution devant un juge, près de deux mois après son arrestation surprise à Tokyo.

Une voie claire et forte. Le magnat de l'automobile de 64 ans, qui a subi une chute brutale après être devenu un personnage tout-puissant, s'est défendu d'une voie claire et forte, sans montrer d'émotion, au cours d'une audience qui a attiré les médias du monde et de nombreux curieux. Vêtu d'un costume sombre, sans cravate, sandales vertes en plastique au pied, il est apparu nettement amaigri, les joues creuses, menotté, avec une corde autour de la taille avant le début de la séance qui a duré quasiment deux heures, de 10h30 locales (2h30 en France) à 12h15.

Il a agi "avec honneur". S'exprimant en anglais, Carlos Ghosn a rappelé avoir dédié "deux décennies de sa vie à relever Nissan et bâtir l'alliance", une entreprise qu'il dit aimer. Le dirigeant franco-libano-brésilien affirme "avoir agi avec honneur, légalement et avec la connaissance et l'approbation des dirigeants de la compagnie", selon une déclaration écrite qu'il a lue. Ainsi, selon lui, tout ce qu'il a fait a été avalisé par l'entreprise, voir même parfois par des avocats internes et externes à l'entreprise. Pour Carlos Ghosn, c'est une manière de faire endosser une responsabilité plus importante par Nissan. 

Il réfute les accusations. Il a assuré n'avoir nullement fait couvrir des pertes personnelles à Nissan et a détaillé les transactions pour lesquelles il est accusé d'abus de confiance, assurant que les sommes versées par une filiale de Nissan à un homme d'affaires saoudien l'ont été en rétribution de services rendus pour aider le groupe dans la région du Golfe.

Maintenu en détention. Pour l'avocat de Carlos Ghosn, Motonari Hatsuru, l'objectif de cette audience était "de connaître le motif précis de la détention et les soupçons qui pèsent encore sur Carlos Ghosn". "Si nous avons engagé cette procédure, c'est que nous croyons qu'il n'y a aucune raison pour que cette décision soit aujourd'hui maintenue", a-t-il déclaré à la fin de l'audience lors d'une conférence de presse. 

Le juge a justifié de son côté son maintien en détention par un risque de fuite à l'étranger, "où il a des bases", et d'altération de preuves. "Il y a suffisamment d'éléments pour estimer que le suspect pourrait inciter des personnes concernées à dissimuler des infractions", a argué le magistrat Yuichi Tada.

Ses filles accusent une cabale de Nissan. Carlos Ghosn a été mis en examen le 10 décembre pour dissimulation aux autorités boursières d'une partie de ses revenus perçus chez Nissan. La longueur de sa détention étonne à l'étranger où certains s'offusquent de la dureté du système judiciaire japonais. Ses proches aussi se sont indignés. Deux de ses filles, interviewées par le New York Times, s'interrogeant sur une cabale de Nissan afin de contrer un éventuel projet de fusion avec Renault. La femme de Greg Kelly, bras droit de Carlos Ghosn arrêté le même jour que lui et relâché le 25 décembre sous caution, a elle aussi dénoncé "un complot international, une trahison de certains dirigeants de Nissan".

Ce scénario est réfuté par le constructeur japonais qui dit n'avoir eu d'autre choix que de "mettre fin aux graves agissements" de celui qui l'avait naguère sauvé. L'affaire est partie d'un ou plusieurs lanceurs d'alerte au sein du groupe, qui a mené l'enquête dans le secret pendant plusieurs mois avant de transmettre les informations au parquet, lequel a parallèlement conduit ses propres investigations.