Budget : le Conseil constitutionnel censure les avantages fiscaux pour les fédérations sportives internationales

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avec AFP , modifié à
Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi les dispositions du budget 2024 destinées à attirer en France des fédérations sportives internationales comme la Fifa, jugeant qu'elles méconnaissaient "le principe d'égalité" devant l'impôt.

Le Conseil constitutionnel a censuré jeudi les dispositions du budget 2024 destinées à attirer en France des fédérations sportives internationales comme la Fifa, jugeant qu'elles méconnaissaient "le principe d'égalité" devant l'impôt. Porté par le député Renaissance Mathieu Lefèvre, l'amendement retoqué jeudi par les Sages prévoyait d'exonérer les fédérations sportives internationales de l'impôt sur les sociétés et de plusieurs cotisations (CFE, CVAE) pour "leurs missions de gouvernance du sport ou de promotion de la pratique du sport", rappellent les Sages dans un communiqué de presse.

 

Cet amendement prévoyait également une exonération d'impôt sur le revenu pour les salariés des fédérations sportives internationales domiciliés en France pendant cinq ans. Si l'amendement ne mentionnait jamais nommément la Fédération internationale de football (Fifa), c'est bien la principale instance qui semblait concernée par ce dispositif.

Mais en prévoyant d'accorder ces avantages fiscaux "au seul motif" qu'une fédération sportive internationale était "reconnue par le Comité international olympique" (CIO), "le législateur n'a pas fondé son appréciation sur des critères objectifs et rationnels en fonction du but qu'il s'est proposé", tranchent les Sages. "Par conséquent, le Conseil constitutionnel censure comme méconnaissant le principe d'égalité devant les charges publiques l'article 31 de la loi déférée", compliquant un retour du siège de la Fifa à Paris. Créée dans la capitale française en 1904, la Fifa a déménagé à Zurich en 1932 et y a localisé son siège principal depuis 2007.

L'épargne réglementée au financement de l'industrie de défense n'a pas sa place dans une loi de finances, selon les Sages

Dans leur communiqué de presse, les Sages ont également estimé que l'affectation de l'épargne réglementée (Livret A, LDDS...) au financement de l'industrie de défense n'avait pas sa place dans une loi de finances, sans exclure pour autant l'adoption d'une telle mesure dans un autre texte.

Onze autres "cavaliers législatifs" - des dispositions ne relevant pas des lois de finances - ont été retoqués par le Conseil constitutionnel. Parmi ceux-ci figure l'article 208 du budget "concernant la sécurisation de l'extraction des déchets des Mines de potasse d'Alsace et l'article 233 relatif à la création de pôles d'appui à la scolarité".

"La censure de ces différentes dispositions ne préjuge pas de la conformité de leur contenu aux autres exigences constitutionnelles. Il est loisible au législateur, s'il le juge utile, d'adopter à nouveau de telles mesures" par un autre vecteur qu'une loi de finances, concluent les Sages.