Comment la direction d'Auchan justifie les 1.475 postes supprimés en France

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La direction d'Auchan Retail France a annoncé mercredi un plan qui prévoit la suppression de 1.475 postes, ce qui a déclenché la colère des syndicats après la crise du Covid-19. Mais pour Jean-Denis Deweine, directeur général d’Auchan France et invité d'Europe 1, "ce plan n'est en rien lié aux événements récents".
INTERVIEW

L'annonce est tombée mercredi matin : la direction du distributeur Auchan Retail France a indiqué que 1.475 postes allaient être supprimés, mesure principale de la "seconde étape" de son "plan de transformation". Cette nouvelle a provoqué un "véritable choc" chez les syndicats, après les plus de 500 emplois déjà supprimés début 2020 et le confinement, lors duquel les employés de la grande distribution ont été loués pour leur dévouement. "Ce plan était engagé bien avant le Covid-19", justifie au micro d'Europe 1 Jean-Denis Deweine, directeur général d'Auchan France.

"Les mesures que contient ce plan n'ont été que ralenties", poursuit le dirigeant. "Ce plan n'est en rien lié aux événements récents. Dès le début du mois de janvier, nous avions annoncé la première étape de ce plan de transformation. Les circonstances en ont décidé autrement et nous avons donc reporté cette deuxième étape à maintenant."

"Pas d'effet positif" du confinement

Mais Auchan aurait-il pu retarder, voire annuler ces suppressions d'emplois au regard du surplus d'activité enregistré lors du confinement ? "Les effets du Covid-19 n'ont pas été aussi favorables qu'on le pense au modèle des hypermarchés", nuance Jean-Denis Deweine. "75% de notre chiffre d'affaires chez Auchan France est encore réalisé par le modèle hypermarché. Contrairement à ce que d'aucuns peuvent penser, le Covid-19 n'a pas eu d'effet positif pour Auchan."

Selon le responsable, les bons résultats enregistrés récemment par le groupe sont avant le fruit du plan engagé avant la crise : "Ces résultats ont commencé à se redresser dès le second semestre 2019."

Des emplois dans le drive piéton

Pour appuyer son analyse, Jean-Denis Deweine évoque un modèle des hypermarchés en pleine transformation, ce qui justifierait ces licenciements massifs. "Le contenu de certains métiers est en train d'être percuté par les nouvelles technologies", souligne-t-il. "L'hypermarché distributeur de produits qui sont alignés sur des gondoles à n'en plus finir est certainement derrière nous. Il doit véritablement devenir un centre de vie dans lequel on produit par exemple des pizzas fraîches ou des plats cuisinés."

Afin de mener cette transformation, Auchan baisse donc la voilure dans les services après-vente, par exemple, pour créer des emplois dans le domaine du drive piéton. "Le but de ce plan vise à s'adapter aux consommateurs", assure Jean-Denis Deweine. "Nous voulons conquérir de nouveaux clients à travers de nouveaux modèles commerciaux qui allient le digital et le physique au cœur des villes."