Au Maroc, Danone, symbole d'une vie trop chère, est boycotté

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Des milliers de marocains ont fait de Danone le symbole de la lutte contre leur conditions de vie. © FADEL SENNA / AFP
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Ugo Pascolo, avec AFP
Six semaines après le lancement d'un boycott pour protester contre leur niveau de vie, des milliers de Marocains boycottent les produits Danone et ont fait du groupe français le symbole de la "cherté de la vie". 

Affaiblissement de la majorité, effritement des principaux acteurs politiques, démission d'un ministre. Au Maroc, une mystérieuse campagne de boycott contre la "cherté de la vie" menace le fragile équilibre d'un gouvernement aux marges de manœuvres limitées. "Une colère dont Danone est devenu le symbole", précise Daniel Fortin, rédacteur en chef du journal Les Echos, dans sa chronique, mardi, sur Europe 1.

Un mouvement lancé sur les réseaux sociaux. Lancée il y a six semaines sur les réseaux sociaux de manière anonyme, cette campagne visant les stations-service Afriquia, l'eau minérale Sidi Ali et le lait Danone, accusés de positions hégémoniques, a remporté une large adhésion. La filiale marocaine de Danone a averti cette semaine que son chiffre d'affaires baisserait de 20% au premier semestre. "D’une façon générale, les Marocains protestent contre la médiocrité de leur niveau de vie : malgré une croissance de 4% l’an dernier, la pauvreté est endémique et elle touche 60 % de la population. Quant au chômage, il frôle les 43 %", résume Daniel Fortin.

Un coup de frein pour Danone. "La quasi-totalité des villes du pays sont touchées, les commerçants et les restaurateurs ne veulent plus acheter de produits laitiers fournis par Danone parce qu’ils craignent de ne pas pouvoir le revendre". C'est une affaire que le groupe français prend très au sérieux : "Il réalise 600 millions d'euros de chiffre d'affaires sur place et nourrit de grandes ambitions pour le Maghreb", indique encore le rédacteur en chef des Echos.

Un boycott qui menace le pouvoir de Rabat. Le pouvoir politique surveille également de très près cette colère qui grandit, car le boycott touche directement les intérêts du ministre de l'Agriculture Aziz Akhannouch et président d'un des plus importants partis de la coalition, le Rassemblement national des indépendants (RNI), son groupe Afriquia étant une des cibles. Après avoir menacé les initiateurs du mouvement de poursuites, le gouvernement a multiplié les mises en garde contre les effets négatifs du boycott sur l'économie nationale. En vain.