À quoi ressemble un actif français aujourd’hui ?

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Le ministère du Travail a publié vendredi une enquête retraçant les évolutions des actifs français sur ces 30 dernières années. L’occasion de dresser le portrait du "travailleur moyen" en France.

Apparition d’Internet, précarisation du marché du travail, crise de l’industrie lourde… En 30 ans, la France a connu de profondes métamorphoses, qui n’ont pas été sans conséquences pour les 25,8 millions de travailleurs français. Pour mesurer l’impact de ces évolutions, la Dares, la direction des statistiques du ministère du Travail, a mené un travail de longue haleine publié vendredi. L’occasion de dresser le portrait-robot de l’actif français, et de constater qu’il a bien changé sur ces trois dernières décennies.

 

Un travailleur plus qualifié

Premier constat qui saute aux yeux au vu des chiffres avancés par la DARES : les travailleurs français sont désormais beaucoup plus diplômés, ou plus généralement qualifiés que par le passé. Illustration de cette tendance, l’explosion des métiers de cadres et autres professions intellectuelles supérieures (+2,4 millions d’actifs), mais aussi l’envolée des professions dites intermédiaires (+2 millions). L’effondrement du nombre d’ouvriers non qualifiés sur la même période (-1,2 million d’actifs) confirme cette dynamique.

Comme le souligne la Dares, la hausse du niveau de formation des candidats au marché du travail a été plus rapide que celle du niveau de qualification des emplois. Conséquence, des cohortes de jeunes diplômés déchantent une fois arrivés sur le marché du travail, car ils ne trouvent pas d’emploi correspondant à leurs attentes. Chômage, poste sous-qualifié, les options génèrent au mieux frustration, au pire paupérisation.

À noter également la forte progression enregistrée par les emplois de services non qualifiés (+1.1 million), un secteur comprenant les aides ménagères, les aides à domiciles ou encore les assistants maternelles.

 

Un travailleur plus … "travailleuse"

L’autre tendance forte sur ces 30 dernières années, c’est la féminisation accélérée de la population active en France. Ainsi, sur les 30 dernières années, on dénombre 3,2 millions de femmes de plus dans la population active, contre 200 000 hommes seulement. La Dares avance deux explications principales : la croissance plus rapide des métiers les plus féminisés, mais aussi la féminisation de métiers auparavant trustés par les hommes. Ainsi, les femmes sont désormais majoritaires dans les services administratifs, comptables, financiers, mais aussi les professions du droit, de la banque et des assurances.

A l’inverse, elles sont moins présentes dans certains métiers qui leur étaient traditionnellement, et tacitement, dévolus (industrie du textile et du cuir par exemple). Certains bastions d’emplois masculins restent en revanche très difficilement accessibles. Ainsi, la maintenance, le bâtiment, la mécanique et le travail des métaux sont toujours  en grande majorité l’apanage des hommes.

 

Un travailleur… plus prêt de la retraite

Conséquence de la dynamique démographie française, les travailleurs français sont en moyenne plus âgés qu’il y a trente ans. Ainsi, les plus de 50 ans représentaient 17% de la population active jusqu’à la fin des années 90. Avant d’exploser, puisqu’aujourd’hui 29% des travailleurs sont au moins "quinquas".

Schématiquement, l’augmentation de la proportion de "vieux" sur le marché du travail induit une baisse du nombre de "jeunes". C’est la logique actuelle, puisque les moins de 30 ans, qui représentaient plus de 30% des actifs au début des années 90, comptent désormais pour 19% seulement.

 

Un travailleur plus précaire

Sans surprise,  la Dares souligne également l’augmentation des contrats précaires au sein de la population salariée (le salariat représentant 89% des emplois actuels). Concrètement, cela signifie que l’intérim a explosé chez les ouvriers non qualifiés (entre 10 et 20% des emplois selon les secteurs), mais aussi que le CDD et son alter ego, le contrat aidé, sont désormais plus utilisés dans le secteur associatif ou dans les métiers de service d’intérêt général (40% des professionnels de l’action culturelle et sportive bénéficient actuellement de ce régime).

Les entreprises ont donc recours à des contrats plus courts mais aussi moins rémunérateurs, puisque les employeurs recourent de plus en plus au temps partiel.  Les derniers chiffres de la Dares établissent que 80 % des employés de maison, 72 % des aides à domicile et 33 % des assistantes maternelles travaillent à temps partiel. Les femmes, très nombreuses dans ces corps de métiers, sont donc les premières touchées par le phénomène.

 

Des écarts de salaires plus réduits

En 30 ans, le pouvoir d’achat du salarié n’a pas beaucoup évolué. En revanche, on observe que les disparités entre les salaires tendent à se réduire. Ainsi, le salaire médian des cadres et des professions intellectuelles supérieures est de 2.900 euros nets, contre 1.300 pour les employés non qualifiés. Dans les années 90, l’écart entre les deux catégories était légèrement plus élevé, signe d’une (très) lente limitation des différences salariales.