Yahoo! face au scandale de trop

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L’affaire du CV truqué du PDG s’ajoute à de mauvais résultats et une vague de licenciements.

Yahoo! n’a pas fait les bonnes recherches avant d’embaucher son nouveau PDG. Le groupe internet américain est empêtré depuis la semaine dernière dans une affaire de faux CV et le scandale ne se limite plus au seul PDG de l’entreprise : l’administratrice qui a procédé à son embauche a elle aussi embelli son CV et a été contrainte à la démission. Cette double polémique enfonce un peu plus une entreprise déjà en plein marasme.

Que reproche-t-on au patron de Yahoo! ? Nommé à la tête de l’entreprise en janvier 2012, Scott Thompson a transmis aux autorités financières un CV erroné. Ce dernier y revendique un diplôme d’informatique obtenu à l’université de Easton, dans le Massachusetts, en 1979. Sauf que cette formation a été créée l'année suivante dans cette université où Scott Thompson n’a jamais mis les pieds, a révélé le Wall Street Journal. Scott Thompson a invoqué une erreur "par inadvertance", une réponse qui n’a pas éteint la polémique dans un pays où le mensonge est honni.

Une nouvelle affaire dans l’affaire. Les excuses du patron n’ont pas convaincu, d’autant qu’en se penchant sur ce dossier, il est apparu que Patti Hart, l’administratrice qui a procédé à l’embauche du PDG, est à son tour accusée d’avoir gonflé son propre CV. Résultat, cette dernière a été contrainte au départ mardi. "Nous remercions Patti pour ses années de service et lui souhaitons le meilleur pour la suite", a sobrement annoncé le conseil d’administration de Yahoo!.

Comment Yahoo! tente-t-il de tourner la page ? Outre le départ de Patti Hart, la firme a annoncé la création d’une "commission spéciale pour mener une étude complète des qualifications universitaires du directeur général Scott Thompson, ainsi que des faits et circonstances liés à l'étude et la publication de ses qualifications dans le cadre de son embauche au poste de directeur général". Yahoo! dit conserver néanmoins toute sa confiance en Scott Thompson, qui a auparavant dirigé, avec succès, l’entreprise PayPal.

Qui est à l’origine du scandale ? C’est le fonds spéculatif Third Point, l'un des premiers actionnaires avec 5,8% de Yahoo!, qui a mis le feu aux poudres en rendant public les trucages de CV. Visiblement peu convaincu par la gestion de géant de l’Internet, le fonds spéculatif espère profiter de cette double polémique pour placer ses hommes à la direction de l’entreprise, ce que Yahoo! refuse pour l’instant.

Pourquoi Yahoo! n’a pas fini d’être malmené ? Si l’affaire des CV erronés a pris une telle dimension, c’est parce qu’elle est la dernière d’une longue série d’erreurs. Yahoo! est en effet en plein marasme : très populaire au début des années 2000, le groupe n’a pas su définir une stratégie claire lorsque ses concurrents Google ou Facebook ont commencé à prendre leur envol avec toute une palette de services en ligne gratuits.

L’entreprise a tenté de redresser la barre dès 2009 en plaçant Carol Bartz à la tête de l’entreprise. Cette dernière n’a pas eu les résultats escomptés mais est tout de même partie fin 2011 avec plus de 16 millions de dollars en poche. Quatre mois plus tard, Yahoo! a annoncé qu’il allait réduire ses effectifs de 14%. La firme est par ailleurs engagée dans un procès contre Facebook pour violation de brevets. Bref, le géant du web accumule les bévues et semble enfermé dans une restructuration perpétuelle depuis 2009.

Quel avenir pour Yahoo! ? L’ambiance est donc morose au sein de l’entreprise, d’autant que son cofondateur Jerry Yang a annoncé son départ début janvier 2012. Yahoo! se cherche donc un nouveau capitaine et une feuille de route claire, ce qui attire toutes les convoitises mais aussi les règlements de compte. A l’origine de l’affaire des CV truqués, le fonds spéculatif Third Point espère ainsi mettre un pied à la tête du groupe. Par ailleurs, le géant Microsoft et le Chinois Alibaba sont tout simplement candidats au rachat de l’entreprise.