Nucléaire : Areva aiguise l'appétit des Chinois

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Noémi Marois , modifié à
ÉCONOMIE -

La branche "réacteurs" du groupe français, en grande difficulté, intéresserait trois entreprises chinoises. 

Comme l'odeur du sang excite les requins, Areva, qui accumule les mauvais chiffres, attise les envies de plusieurs groupes chinois. Plus précisément, les activités dédiées aux réacteurs du géant français suscitent l'intérêt de trois entreprises, CGN China General Nuclear), CNNC (China National Nuclear Corporation) et DEC (Dongfeng Electrical Corporation), selon des informations publiées dimanche par le Journal du Dimanche. En 2014, Areva a enregistré près de cinq milliards d’euros de pertes nettes et le premier trimestre 2015 n'a guère été prometteur avec un repli de son activité de 1,1%. 

Actionnariat ou coentreprise. Les deux électriciens chinois, CGN et CNNC, seraient attirés par une prise de participation dans Areva. Ils resteraient des actionnaires minoritaires et fourniraient en échange des contreparties industrielles. Le troisième larron, DEC, qui pour sa part est un spécialiste des équipements industriels dans l'énergie, s'intéresse de près, à des fins de coentreprise, aux usines de fabrication des cuves et générateurs d'Areva, "notamment celles du Creusot et de Saint-Marcel", précise le JDD. 

Les réacteurs, une perte d'argent pour Areva.  Areva verrait ainsi la charge de sa filiale NP, ex-Framatome, qui regroupe toutes ses activités liées aux réacteurs nucléaires, s'alléger. Si la branche d'extraction de minerai d'uranium et celle qui gère les déchets nucléaires se portent bien, celle qui s'occupe de l'enrichissement de l'uranium ainsi que la division "réacteurs et services" ont vu leur chiffre d'affaires diminuer.

Areva pâtit toujours de l'accident nucléaire de Fukushima, n'arrive plus à vendre ses EPR et accumule en plus des désastres coûteux sur son chantier de Flamanville. Par conséquent, le groupe français avait envisagé un temps de céder complètement son ex-Framatome avant de se raviser et de décider finalement de ne céder que quelques une de ces activités. Areva n'a cependant pas souhaité commenter les révélations du JDD et aucune discussion officielle n'aurait débuté avec les entreprises chinoises. 

Areva est présent en Chine avec deux EPR en construction à Taishan, dans le sud du pays. Ici, un des deux chantiers en 2007 : 

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La Chine, terre d'avenir du nucléaire. Une alliance avec des électriciens chinois pourrait se révéler bénéfique à Areva. Si le Japon veut redémarrer ses réacteurs et si les États-Unis envisagent de relancer le nucléaire dans son bouquet énergétique, c'est la Chine qui représente le futur Eden de l'atome. Le pays, qui tourne le dos au charbon, veut en effet investir dans cette énergie, vue comme "propre", et devrait faire construire 100 réacteurs d'ici 2030. 

Et la piste EDF ? Les Chinois ne sont pas les seuls en lice pour venir soulager l'escarcelle d'Areva car EDF est aussi dans les starting blocks. L'électricien français qui gère déjà le parc nucléaire français envisagerait en effet de devenir actionnaire d'Areva NP. 

L'État, qui possède directement ou indirectement 87% du capital d'Areva, s'il réfléchit à l'option EDF, ne s'opposerait pas non plus à l'arrivée des Chinois. À une condition avance le JDD, que leur participation ne dépasse pas les 10%.

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