Maison de l’Emploi : la fronde des maires

Alain Juppé fait partie des 25 maires de grandes villes qui ont signé la lettre envoyée à François Hollande.
Alain Juppé fait partie des 25 maires de grandes villes qui ont signé la lettre envoyée à François Hollande. © MAXPPP
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Damien Brunon et Olivier Samain , modifié à
DOC E1 - De Juppé à Aubry, 25 maires de grandes villes ont envoyé une lettre à François Hollande pour protester contre la réduction des aides de l’Etat.

L’INFO. A l’approche des municipales et alors qu’un Français sur trois juge l’Emploi comme l’une des priorités de la campagne, un vent de fronde se lève du côté des élus en place. Un peu plus de 20 maires de grandes villes, de gauche comme de droite, ont adressé une lettre à François Hollande, dont Europe1 vous révèle l’intégralité. Ils critiquent le choix budgétaire qui a conduit le gouvernement à réduire d’un tiers les crédits des Maisons de l’Emploi, les faisant passer de 52 à 36 millions d’euros pour 2014.

Maisons de l’emploi, qu’est-ce que c’est ? Créées en 2005 dans le cadre du plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, 185 Maisons de l’Emploi couvrent le territoire. Dans une ville ou un bassin d'emploi, ces structures mettent autour de la même table des acteurs (élus, préfet, Pôle Emploi, syndicats, patronat, chambre des métiers) qui ont chacun une expertise sur les questions de l’Emploi. Ensemble, ils construisent des solutions "sur mesure" pour, par exemple, reconvertir des salariés dont l'entreprise va fermer ou réinsérer des personnes très éloignées de l'Emploi.

Fronde des maires. Problème : le gouvernement veut supprimer un tiers des subventions de ces structures pour 2014 et beaucoup de maires ne sont pas d’accord avec ça. Martine Aubry (PS) à Lille, Alain Juppé à Bordeaux (UMP) ou encore Noël Mamère à Bègles (EELV) : ils sont 25 à avoir signé une lettre envoyée à François Hollande le 20 décembre dernier.

Martine Aubry

Ils ne comprennent pas la décision du gouvernement. “Nous ne pouvons qu’exprimer notre incompréhension totale”, écrivent-ils. Selon eux, la décision est liée “à une volonté délibérée (...) de mise en péril des Maisons de l’Emploi sur nos territoires”.

“Une imbécilité rare”. A l’origine de la fronde, on trouve Jean Le Garrec, ancien ministre socialiste des gouvernements Mauroy et Rocard. Il est aujourd'hui président du réseau qui regroupe les 185 Maisons de l'Emploi. “Je suis scandalisé. C’est d’une imbécillité rare, commente-t-il au micro d’Europe 1. Je n’arrive pas à comprendre alors que par ailleurs, on négocie avec Mr Gattaz 30 milliards d'abaissements des charges dont chacun sait qu’il n’y aura jamais de contrepartie d’emploi.”

François Hollande

© François Hollande

Selon lui, c’est un moteur de création d’emploi qui va disparaître. “On va tuer quelque chose qui est porteur de créativité, de capacité de création d’emplois, de mobilisation de l’énergie des territoires”, déplore-t-il.

Centraliser l’Emploi. Pour justifier la réduction des aides aux Maisons de l'Emploi, le gouvernement explique qu'il faut simplifier les circuits. Cela fait aussi bondir Jean Le Garrec. L'ancien ministre voit surtout dans ce choix une vision jacobine de la politique de l'Emploi et une méfiance à l'égard de l'intelligence collective des acteurs de terrain.

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