Mais pourquoi Apple s'endette-t-il autant ?

Le groupe informatique américain Apple s'apprêtait mardi à réaliser un emprunt obligataire de 17 milliards de dollars, un montant record pour une entreprise, selon le Wall Street Journal qui cite des investisseurs proches de l'opération.
Le groupe informatique américain Apple s'apprêtait mardi à réaliser un emprunt obligataire de 17 milliards de dollars, un montant record pour une entreprise, selon le Wall Street Journal qui cite des investisseurs proches de l'opération. © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
Assise sur une immense trésorerie, la marque décide pourtant de lever un emprunt record.

Le record. Pourquoi Apple a-t-il donc besoin d'un tel prêt ? Le géant américain de l'informatique a en effet lancé mardi l’émission d’un emprunt obligataire d'un montant de 17 milliards de dollars, une somme sans précédent pour une entreprise. Avec ce prêt, la marque à la pomme dépasse le laboratoire pharmaceutique Roche, qui détenait jusqu'ici le record, avec 16,5 milliards de dollars d'emprunt en 2009. Pourtant, Apple est assis sur une trésorerie considérable de 145 milliards. Et, comme le souligne Les Echos, elle était la seule entreprise à avoir un endettement nul.

>>> À quoi est destiné cet argent ? Pourquoi Apple n'utilise pas ses fonds propres ? On vous explique.

Un coup de poker en bourse… Apple compte utiliser l'argent pour récompenser ses actionnaires et tenter d'inverser la chute de son cours de Bourse qui, même s'il a repris un peu de couleurs ces derniers jours (le titre a clôturé mardi en hausse de 2,94% à 442,78 dollars), reste inférieur de 37% à son record de 702,10 dollars enregistré il y a moins de huit mois. Le groupe à la pomme a annoncé la semaine dernière qu'il portait de 45 à 100 milliards de dollars le montant total qu'il comptait consacrer d'ici fin 2015 au paiement de dividendes ou à des rachats d'actions.

>> Pour notre éditorialiste Eric Le Boucher, Apple joue un mauvais tour aux contribuables… et l'action ne remontera probablement pas en bourse…

…Moins cher que de rapatrier l'argent… Apple n'avait pas vraiment besoin de lever de l'argent sur les marchés. Le groupe n'avait jusqu'ici aucune dette et affichait 145 milliards de dollars de liquidités dans ses comptes à fin mars. Mais une grosse partie des fonds se trouve dans des comptes à l'étranger, dans des pays où la pression fiscale est souvent moins lourde. Or, Apple a jugé que ça lui coûterait moins cher d'emprunter… que de les rapatrier cet argent. "La dette est très bon marché en ce moment aux États-Unis et l'argent d'Apple à l'étranger rapporte probablement plus en intérêts que ce que l'emprunt va lui coûter. En plus, ramener l'argent aux États-Unis occasionnerait des taxes élevées, rendant l'opération encore moins attractive financièrement", décrypte ainsi Robert Enderle, un analyste spécialisé dans le secteur technologique."Cela a du sens sur le plan financier", reconnaît-il, s'interrogeant en revanche sur l'intérêt stratégique.

>> À lire aussi : Google, Apple & co évitent le fisc

Boursier.com - Apple : sur un plancher d'un an !

… Mais qui reste risqué... "Cela va énormément affaiblir l'entreprise sur le long terme", redoute Robert Enderle. Et de rappeler que les liquidités en réserve d'Apple étaient censées lui servir dans les années de vaches maigres, et que les réduire massivement par un remboursement de cette nouvelle dette crée "un risque plus élevé de défaillance d'ici dix ans". Un autre analyste, Trip Chowdhry de Global Equities Research, se montre lui aussi sceptique. "La seule chose qui fera remonter l'action, c'est de l'innovation sur les produits", juge-t-il. Trip Chowdhry critique aussi l'image que renvoie un groupe américain aussi important en préférant s'endetter plutôt que payer des impôts dans son pays. "Si c'était une petite entreprise, ça irait, mais pour Apple cela envoie le mauvais message", juge l'analyste. "Ils feraient mieux d'utiliser l'argent qui est à l'étranger" et de payer des impôts dessus, contribuant ainsi à "créer des emplois, et même plus d'activité pour Apple" aux États-Unis.