Le secteur du bâtiment de plus en plus touché par la contrefaçon

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Anne-Laure Jumet avec Noémi Marois , modifié à
ENQUÊTE E1 - La contrefaçon ne concerne pas que le secteur du textile, elle se répand aussi de plus en plus dans celui de la construction. 

Alors que les douaniers chargés de détecter les contrefaçons manifestent mardi contre la suppression annoncée de postes dans leurs effectifs, ce trafic illégal se porte bien en France. Après avoir touché le secteur du luxe, il concerne désormais celui du bâtiment. Robinets, carrelages, portes coupe-feu et même panneaux solaires… les produits non conformes font perdre 1 milliard d'euros par an aux fabricants français du bâtiment, selon nos informations. 

Difficiles à détecter. La contrefaçon dans le BTP est très difficile à détecter puisque même les professionnels s'y laissent prendre. Stéphane Coffin, gérant d'une entreprise d'électricité à Beauvais, a acheté des disjoncteurs non conformes. Pourtant, ils ressemblaient à s'y méprendre à sa marque habituelle. "Ce sont mes salariés qui me les ont ramenés en me disant 'il y a un souci, on a l'impression que c'est un gadget'", explique-t-il à Europe 1. "On sentait que le plastique n'était pas de la même qualité et c'était pas du tout la même chose que d'habitude", ajoute-t-il. Selon lui, c'est "comme si vous faisiez vos courses au supermarché et quand vous mettez votre paquet de gâteaux dans le cadis, vous ne voyez pas forcément comment est le gâteau à l'intérieur".

Des produits dangereux. Quand la non-conformité n'est pas détectée à temps, c'est la vie des ouvriers et des particuliers qui peut être mise en péril. Par exemple, un disque non conforme sur une scie circulaire peut entraîner de graves blessures chez le salarié qui la manipule. Le coût pour les assurances est estimé à 10 milliards par an.

"Des organisations mafieuses". Derrière ces produits illégaux se cachent des organisations "mafieuses" qui "se comportent comme de véritables entrepreneurs qui s'organisent auprès des fabricants, généralement asiatiques", estime Pierre Delval, président de la fondation Waito qui lutte contre la contrefaçon au niveau mondial. Et lorsqu'en France, "l'obligation de mettre en place des détecteurs de fumée est effective, elles voient qu'il y a un marché extrêmement juteux et elles n'hésitent pas à développer ce marché", rapporte-t-il à Europe 1. De 2012 à 2014, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a retiré du marché 75.000 détecteurs de fumée jugés non conformes et donc, dangereux.

Pour contrer ce trafic en progression de 20% par an selon Waito, la Fédération française du bâtiment prépare un guide pour mieux informer ses adhérents des risques encourus. 

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