Le crocodile Lacoste bat pavillon suisse

La marque, créée en 1933 par le tennisman René Lacoste, est sortie du giron de sa famille.
La marque, créée en 1933 par le tennisman René Lacoste, est sortie du giron de sa famille. © SYLVESTRE/MAXPPP
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Thomas Morel , modifié à
La marque a été rachetée par un groupe suisse à l'issue d'une bataille entre les héritiers.

C'est la fin d'une des grandes réussites de l'industrie française. La guerre interne entre Sophie Lacoste-Dournel et son père, Michel Lacoste pour le contrôle de la marque au crocodile s'est achevée mercredi par la prise de contrôle totale de celle-ci par le suisse Maus Frères.

Lacoste a pourtant tout pour elle : un chiffre d'affaire en progression constante (il a atteint 1,6 milliards d'euros en 2011, 11 % de plus qu'en 2010), une notoriété sans égale à l'échelle internationale, un millier de salariés, une production française… Mais si, du côté des ventes, tout va bien, on ne peut pas en dire autant des réunions de famille. Retour sur des mois de lutte familiale

La bataille pour la présidence

Sophie Lacoste-Dournel, petite fille du fondateur René Lacoste, entre en 2005 au conseil d'administration du groupe, avec la bénédiction de son père. Rapidement, elle se fait une place au sein de celui-ci et, en septembre dernier, est nommée présidente exécutive. Une décision prise contre l'avis de son père, qui lui soutenait la candidature de Béryl Lacoste-Hamilton, également marraine de Sophie. Michel estime en effet que Sophie, qui fut longtemps actrice dans la série Plus Belle La Vie, n'a pas les compétences nécessaires pour diriger en empire de la taille de Lacoste.

Le père n'abandonne pas

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© REUTERS

Battu, Michel, n'a pourtant pas encore dit son dernier mot. Il décide alors d'attaquer sa fille en justice pour prise de contrôle irrégulière et propose au groupe suisse Maus Frères, qu'il accusait pourtant quelques semaines plus tôt d'être à l'origine des désaccords familiaux, de racheter ses parts ainsi que celles de ses partisans. Un peu plus de 30 % d'actions qui, ajoutées aux 35 % déjà détenus par le groupe suisse, le mettrait en position de force.

Sophie, en tant que membre de la famille, peut bien sûr tenter de racheter ces 30 %. Sauf qu'il faut de l'argent pour cela et, avec une valorisation de 1,25 milliard d'euros, il faudrait qu'elle et ses alliés puissent avancer 500 millions d'euros.

"Une décision très douloureuse"

Si bien que la présidente du conseil d'administration s'est finalement rangée mercredi à l'inévitable conclusion : pour assurer la pérennité de l'entreprise, elle et ses alliés n'ont plus d'autre choix que de céder eux aussi leurs actions. Une décision difficile à accepter, comme elle le raconte au micro d'Europe 1 : "je suis très triste. C'est une décision très douloureuse, c'est mon nom, la mémoire de mes grands-parents, c'est notre sang, on s'en détache très difficilement."