Le FMI décide de suspendre son aide à la Grèce

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
ECONOMIE - Le Parlement grec a échoué lundi à élire un président de la République, provoquant des élections législatives anticipées. 

Le Fonds monétaire international (FMI) a décidé de suspendre le versement de la prochaine tranche d'aide à la Grèce. Il a déclaré vouloir attendre la formation d'un nouveau gouvernement. Celui ci devrait voir le jour après les élections anticipées de la fin janvier annoncées lundi par Athènes. Le Parlement grec n'a en effet pas réussi à élire un nouveau président de la République, pour la troisième fois consécutive, provoquant la convocation prématurée des électeurs aux urnes. La nouvelle a provoqué la clôture dans le rouge de la bourse d'Athènes à -3,91%. 

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Une victoire de la gauche radicale ? Les discussions sur ce versement, effectué conjointement avec les autorités européennes, "reprendront une fois qu'un nouveau gouvernement sera en place" à Athènes, a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice, dans un très bref communiqué.

Les législatives anticipées pourraient porter au pouvoir le parti Syriza. Situé à la gauche radicale sur l'échiquier politique, sa priorité est la renégociation avec le FMI d'une grande partie de sa la dette publique, afin d'amorcer une reprise économique. Syriza souhaite aussi augmenter le salaire minimum et renoncer aux licenciements dans la fonction publique. Son chef, Alexis Tsipras, 40 ans, a annoncé lundi que les élections anticipées, fixées au 25 janvier, seraient l'occasion pour les Grecs "de mettre un terme à l'austérité". 

Aide contre austérité, a rappelé l'Allemagne. La Grèce bénéficie d'un plan d'aide, depuis 2012, accordé par la "troïka", cette dernière étant constitué du FMI, de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne. En échange, la Grèce s'est engagée à appliquer une cure d'austérité drastique.

Un engagement que le ministre allemand des Finances, Wolfgand Schäuble, a rappelé lundi après l'annonce par la Grèce d'élections législatives anticipées. "Les difficiles réformes (mises en oeuvre en Grèce depuis la crise financière) ont porté leurs fruits, elles sont sans aucune alternative. Les nouvelles élections ne changent rien aux accords passés avec le gouvernement grec", a-t-il affirmé dans une déclaration écrite. Syriza au pouvoir ? Une idée pas vraiment du goût de ce ministre conservateur et attaché à la rigueur budgétaire. "Si la Grèce prend un autre chemin, cela sera difficile", a-t-il souligné. 

Pas de péril en la demeure. Selon le FMI, ce report ne met toutefois pas en péril la viabilité financière du pays, qui a renoué avec la croissance après six années de profonde récession. "La Grèce ne fait pas face à des besoins de financement immédiat", a indiqué le porte-parole du Fonds, suggérant qu'Athènes avait encore assez d'argent dans ses caisses pour faire fonctionner le pays et faire face à ses obligations financières. Athènes a récemment suggéré qu'elle souhaitait s'affranchir plus tôt que prévu de l'aide du FMI, qui doit en théorie s'étendre jusqu'en 2016. Le volet européen du plan d'aide devait, lui, s'achever fin 2014 mais il a été récemment prolongé de deux mois.

La BCE se refuse à tout commentaire. La Banque centrale européenne (BCE), l'un des créanciers de la Grèce, a indiqué lundi attendre l'avis des autorités grecques sur l'examen du plan d'aide du pays. Elle s'est refusé à commenter l'annonce d'élections législatives anticipées. "C'est maintenant à l'électorat grec de décider de la composition future du parlement et du gouvernement. Nous n'interférerons pas dans ce processus démocratique ni ne le commenterons", a affirmé la BCE, dans une courte déclaration écrite.

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