Ingenico ou le patriotisme économique

Eric Besson et le gouvernement veulent que le fabricant de terminaux bancaires Ingenico reste français.
Eric Besson et le gouvernement veulent que le fabricant de terminaux bancaires Ingenico reste français. © MAXPPP/EUROPE 1
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avec agences , modifié à
Le gouvernement s’est réjoui que l’entreprise d’électronique ait rejeté une OPA américaine.

Le fabricant de terminaux de paiements Ingenico est une entreprise "stratégique" et "essentielle" pour la filière électronique française, a estimé lundi Eric Besson, dans un entretien à LCI. Le ministre de l'Industrie réagissait à la tentative avortée d’OPA formulée par une entreprise étrangère, un rejet dont il s’est réjoui.

"Je vous confirme que l'Etat considère que c'est une entreprise essentielle pour la filière électronique française et, à titre personnel, je me réjouis que le conseil d'administration hier ait considéré que l'offre n'était pas suffisamment intéressante, c'est une étape très importante", a précisé Eric Besson.

Une valeur-sûre qui intéresse les Américains

Fabricant français de lecteurs de cartes bancaires, Ingenico est le numéro deux mondial dans son secteur, implanté sur les cinq continents. Il est le premier fabriquant de terminaux de paiements en Europe, le n° 2 en Chine et aux Etats-Unis. C’est donc une entreprise de premier plan qui intéresse de nombreux concurrents : sur les marchés boursiers, le titre Ingenico a bondi de 60% depuis le début de l’année.

L’entreprise avait indiqué vendredi avoir reçu une offre d'OPA (Offre publique d’achat), sans toutefois révéler l'identité de l'acquéreur potentiel qui, selon une source proche du dossier, est le groupe américain Danaher. Dimanche, le conseil d'administration du groupe a rejeté cette offre à 28 euros par action.

L’Etat utilise son rôle d’actionnaire

L'Etat aurait tenté de bloquer cette opération au travers de sa participation dans l'équipementier aéronautique Safran, lui-même actionnaire d'Ingenico à 22%. "L'Etat discute avec Safran et avec ses dirigeants bien évidemment (...) et l'Etat a pleinement conscience du caractère stratégique de cette entreprise pour la filière électronique française", a détaillé Eric Besson.

Selon des analystes, cette déclaration de l'Etat, qui sonne comme un avertissement, limite fortement l'intérêt spéculatif sur le titre Ingenico. "Le veto du gouvernement devrait dégonfler la spéculation qui entourait le titre depuis quelques semaines", a souligné Jean-Baptiste Sergeant, analyste chez Gilbert Dupont, qui a dégradé lundi sa recommandation sur le titre à "alléger", contre "accumuler" précédemment. Suite à cette tentative de rachat, la cotation en bourse du titre Ingenico a été suspendu de vendredi à lundi matin. Le titre a chuté de 6% lundi matin, après avoir rejeté l'OPA.