Impôts locaux : ça augmente partout !

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avec Anne-Laure Jumet , modifié à
ARGENT - Les communes sont en train de voter... sur la fiscalité locale. Un constat s’impose : les impôts augmentent partout.

Est-ce parce que l’Etat réduit depuis deux années ses dotations aux collectivités territoriale ou bien parce que ces dernières n’ont pas réduit leur train de vie ? Seule certitude, pour boucler leur budget, la plupart des communes ont décidé d’augmenter les impôts locaux. Taxes d'habitation et taxes foncières connaissent cette année une flambée particulièrement sensible, qui atteint même +15% à Toulouse. Et ce n’est pas un cas isolé.

+15% à Toulouse, +10,5% à Lille. Peu importe la région, la tendance est la même : les impôts locaux vont augmenter. A Toulouse, la hausse est de 15%, le maire invoquant "l’héritage" laissé par la précédente majorité, socialiste, pour renier sa promesse d’une stabilité fiscale. A Bordeaux, les contribuables paieront en moyenne 5% de plus, la municipalité UMP invoquant la baisse des dotations d’Etat, tandis que l’opposition estime que la faute en revient aux nombreux projets architecturaux lancés par le maire.

Une flambée qu’on retrouve sur tout le territoire : +5% à Lyon, +4,9% à Marseille, +4,2% à Tours, tandis qu’à Lille Martine Aubry s’est concentrée sur la taxe foncière, qui augmentera de 10,5 %. Sans oublier Strasbourg : +3%, après dix années de stabilité fiscale, soit une augmentation moyenne d’environ 15 euros par foyer fiscal.

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Toutes les communes concernées. Les moyennes et petites communes ne sont pas épargnées. Melun, Conflans-Saint-Honorine, Le Plessis-Robinson, Saint-Ouen, Rosny-sous-bois, Nanterre, Levallois, etc. : pratiquement toutes les villes d’Ile-de-France sont concernées. A Neuilly-sur-Seine, la hausse de la taxe foncière est par exemple de 13,5 points.

Sans oublier Cugnaux, commune de 16.000 habitants située en Haute-Garonne, qui a voté une augmentation notable : +30%, soit 100 euros de plus pour un ménage moyen. Le maire avait pourtant promis de ne pas augmenter les impôts locaux, mais ça, c’était en période électorale : l’élu explique aujourd’hui ne pas avoir le choix pour boucler son budget et, surtout, échapper à la tutelle de l’Etat.

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"Il va falloir qu’on révise nos politiques publiques". Chez les maires, l'explication est à trouver du côté de la baisse des dotations d’Etat, cette enveloppe que l’administration centrale verse aux collectivités territoriales pour participer à leur frais. "On baisse les dotations de façon déraisonnée : trop et trop vite. Globalement, ça va aller de 50 à 60% de baisse de dotations directe de l’Etat dans les trois ans qui viennent", a martelé Stéphane Beaudet, maire UMP de Courcouronnes, mardi matin sur Europe 1.

Et l’élu, par ailleurs président de l’Association des Maires de l’Ile-de-France, de pointer un "effet démultiplicateur pour les communes : comme nous sommes la plus petite des strates, quand vous baissez les dotations de toutes les collectivités (région, département, agglomération et ville), la région fait des économies et donne donc moins aux départementx à l’agglomération et aux villes. Le département fait des économies et donne moins à l’agglo, etc. Quand l’Etat baisse sa dotation à Courcouronnes de 400.000 euros cette année, la baisse réelle cumulée par les économies générées à la région, au département et à l’agglo, est d’un million d’euros."

"On gère le quotidien des habitants et quand on a 60% de dotations en moins en quelques années, très concrètement, on ne sait pas faire", poursuit Stéphane Beaudet, avant de pointer "le décalage entre la réalité des économies que moi je dois faire et la capacité d’acceptation réelle des habitants".

La faute à l’Etat ? Pas seulement… Pour se défendre, les maires invoquent donc la baisse des dotations d’Etat, annoncée et amorcée depuis plusieurs années, mais aussi la facture de la réforme scolaire : les communes doivent désormais financer une partie du temps périscolaire.

L’analyse de la Cour des comptes est, elle, plus nuancée : certes, les communes reçoivent moins d’argent, mais c’est parce qu’elles sont censées réaliser des économies d’échelle au niveau des intercommunalités et des agglomérations. Sur le papier, un seul service de collecte des déchets coûte moins cher qu’une équipe dans chaque commune. Mais dans la réalité, cette mutualisation via les agglomérations et les intercommunalités n’a permis aucune économie : entre 2009 et 2013, l’emploi a progressé de 4% dans la fonction publique territoriale, quand la hausse se limitait à 0,7% dans l’ensemble de la fonction publique.

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>> Retrouvez, sur le même sujet, l'intégralité de l'interview de Stéphane Beaudet, maire UMP de Courcouronnes :

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