Énergie : l'urgence d'une trêve hivernale

Le délégué général du médiateur de l'énergie Bruno Lechevin a lancé mardi un appel aux opérateurs énergétiques EDF et GDF, leur demandant de ne pas couper le gaz et l'électricité en plein hiver aux clients en difficultés de paiement.
Le délégué général du médiateur de l'énergie Bruno Lechevin a lancé mardi un appel aux opérateurs énergétiques EDF et GDF, leur demandant de ne pas couper le gaz et l'électricité en plein hiver aux clients en difficultés de paiement. © MAXPPP
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avec Carole Ferry , modifié à
Le médiateur de l'énergie a lancé un appel à l'aide face à la détresse de certaines familles.

Le témoignage. "Ils ne se sont pas gênés, ils ont tout coupé." Comme en témoigne mardi au micro d'Europe1 Sabrina, maman de deux jeunes filles, les coupures d'énergie touchent encore, hiver ou pas, certaines familles françaises. "Ils ne se rendent pas compte qu'ils mettent une famille dans le désarroi total", s'emporte cette mère de famille, dont on devine le message malgré des mots noyés de larmes.

La proposition. Faut-il, pour répondre à cette urgence, accentuée par les fortes baisses de température, instaurer une trêve hivernale des coupures d'énergie, à l'instar de celle à l'œuvre pour les expulsions de logements? C'est le sens de l'appel lancé mardi sur les ondes d'Europe1 par le délégué général du médiateur de l'énergie, Bruno Lechevin. "Tous les jours, chez le médiateur national de l'énergie, nous recevons des cris de détresse et on n'image pas qu'en France, en 2012, on puisse connaître de telles situations. Et pourtant, c'est le quotidien de personnes dans une situation de plus en plus précaire", a alerté Bruno Lechevin, soulignant que ces familles étaient "de plus en plus nombreuses".

"Je n'ai pas d'eau chaude"

Les chiffres clés. Selon un rapport de l'Insee, 3,8 millions de ménages en France ont un taux d'effort énergétique supérieur à 10% de leur revenu, ce qui les classe en situation de "précarité énergétique". Sabrina en fait partie. "Actuellement, on se chauffe avec un poêle à bois. On dort à quatre dans une chambre avec mes deux filles et mon mari. Je n'ai pas d'eau chaude", déplore-t-elle.

Toute les précautions ont beau être prises, l'effort ne suffit pas toujours. Et l'envol des prix peut dépendre de la qualité de l'isolement du logement ou même d'une défaillance technique. "Je n'y comprends rien, je me retrouve avec des factures exorbitantes alors que je fais très attention, je ne laisse pas les pièces allumées quand je ne suis pas dedans", décrit la mère de famille. Et d'enchaîner : "je leur ai dit, à EDF Bleu ciel et à Direct énergie, de m'envoyer un électricien pour voir d'où vient ce problème. Ca leur coûte quoi?"

"Ne pas attendre la loi"

Le rôle des opérateurs. Les opérateurs peuvent aujourd'hui couper l'énergie en plein hiver. La proposition de loi prévoyant notamment une trêve hivernale sur les interruptions de fournitures d'énergie, à l'instar de celle existant pour les expulsions de logements, a été retoquée par le Sénat fin octobre. Les groupes énergétiques promettent d'accentuer leurs efforts pour aller dans ce sens, mais rien ne les y contraint.

"On peut simplement espérer que l'ensemble des opérateurs appliquent d'eux-mêmes cette trêve hivernale des coupures, de manière volontaire, surtout dans les périodes de grand froid, sans attendre le dispositif législatif ou réglementaire", réclame ainsi le médiateur national de l'énergie. Une manière de se mettre à l'abri des drames de Noël. "Je n'ai même pas acheté mon sapin, parce que je veux voir les petites lumières qui clignotent pour voir le visage de mes filles s'égayer", lance Sabrina, dans un ultime regret.