Crise : Merkel met en garde l'Espagne

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Pas d'aide sans réforme profonde, a prévenu la chancelière, qui s'adressait aussi au reste de l'UE.

En position de force au sein d’une Union européenne toujours empêtrée dans sa crise de la dette, l’Allemagne a de nouveau posé ses conditions au plan de sauvetage du secteur bancaire espagnol.

Les milliards d’euros promis à l’Espagne ne seront versés que si le pays engage une profonde réforme de son secteur bancaire, a ainsi prévenu mardi Angel Merkel. Et la chancelière allemande d’élargir son discours à toute l’Europe, invitée à poursuivre ses réformes.

Pas d’aide sans réformes en profondeur

Ayant investi des milliards dans le marché immobilier, les banques espagnoles sont dans le rouge depuis que les prix de l’immobilier se sont effondrés. Depuis, le gouvernement espagnol s’évertue à sauver ses banques pour éviter une faillite qui provoquerait des incidents en cascade.

L’Espagne a donc demandé à ses partenaires européens un prêt allant jusqu'à 100 milliards d’euros pour consolider son secteur bancaire, ce que l’UE a accepté samedi 9 juin. Mais tout prêt ne se fait pas sans conditions et c’est Angela Merkel qui s’est chargée de le rappeler mardi.

"Il y aura naturellement des conditions pour l'Espagne, lorsque la demande viendra, à savoir une restructuration de son propre système bancaire pour lui donner un futur viable", a prévenu la chancelière. A la différence de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal, les propos d’Angela Merkel ne visent en revanche pas l’Etat espagnol, qui s’est déjà lancé dans un sévère plan d’économies.

Un avertissement plus général à l’Europe

Par ces nouvelles déclarations, Angela Merkel ne s’adresse pas aux seuls Espagnols mais aussi au reste de l’Europe, où les partisans d’une relance se font de plus en plus audibles. L’Allemagne persiste, elle, à défendre sa vision de l’Europe redynamisée par une série de réformes structurelles comme l’a fait l’Allemagne sous le chancelier Schröder : réformes du travail, du chômage, des retraites, etc.

Angela Merkel  a ainsi estimé qu'il serait "fatal pour l'Europe d'interrompre cela juste au moment où quelques pays ont commencé à travailler dans la bonne direction". Les résultats de l'Allemagne "ont montré qu'il s'agissait du bon chemin", a-t-elle estimé, "mais elles ont besoin de temps" pour que ses effets se fassent ressentir.

Les détracteurs de cette politique de rigueur jugent au contraire que si les effets positifs de telles réformes se feront ressentir dans plusieurs années, les effets négatifs sont, eux, immédiats. Pire, leur simultanéité handicape toute croissance au sein de l’Europe, qui nécessiterait donc parallèlement un plan de relance économique. A moins d’une semaine du prochain sommet du G20, les partisans d’une telle relance savent à quoi s’attendre de la part de l’Allemagne.