"Chez Soi" : tout le monde sait et ne sait pas ce que c'est !

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Maison. Logement. Logis. Domicile. Demeure. Foyer. Nid… l’emploi des termes utilisés pour parler de son chez-soi n’est pas anodin. L’analyse de Perla Serfaty.

Maison. Logement. Logis. Domicile. Demeure. Foyer. Nid… l’emploi des termes utilisés pour parler de son chez-soi n’est pas anodin. L’analyse de Perla Serfaty.

 

 

 

 

 

 

Chez moi, dans ma maison

 

Le sens commun, vous et moi, prononçons tous les jours l’expression « chez moi » sans états d’âme. Pour nous, le terme est généralement synonyme de « ma maison » en tant que lieu intime, auquel nous sommes attachés, c’est-à-dire chargé d’une valeur affective. Nous reconnaissons aussi, en quelque sorte naturellement, lorsque nous l’éprouvons, le sentiment d’être chez soi quand nous disons « je me sens chez moi » ou « je me sens comme chez moi ». Dans ce cas, nous faisons référence à l’aisance avec laquelle nous pouvons exister dans un lieu donné, qui n’est pas nécessairement notre maison. Lorsque ce sentiment est éprouvé dans des lieux aussi différents qu’une église, un club, la maison de nos parents ou notre atelier, nous savons fort bien que c’est une façon particulière d’être et d’habiter chacun de ces lieux qui est en jeu. Nous sommes aussi conscients que nous parlons d’un aspect de notre identité lorsque nous désignons comme « chez soi », selon les circonstances et les contextes, des territoires plus amples et moins intimes que notre maison que sont notre quartier, notre ville ou notre pays.

 

 

 

 

 

Enfin, nous savons faire, tout aussi spontanément, la différence entre ce qui est entendu quand nous utilisons les différents mots qui désignent les habitations susceptibles de devenir des chez-soi : la maison qui nous parle d’abri et d’intimité familiale; le logement et sa froideur chiffrée en tant que « local d’habitation » ; le logis et ses évocations désuètes et sentimentales de repli sur une hypothétique douceur ; le domicile, tout en identification sociale et légalité administrative ; la résidence, qui supprime les aspects sensibles et affectifs de l’habitation pour en souligner le statut social, le confort et le luxe ; la demeure, qui, sous ses allures de terme devenu savant, parle de stabilité et de durée ; le foyer, qui semble nous réchauffer toujours ; le nid, si douillettement enveloppant et pour se blottir entre soi, etc. L’expression « chez soi » contient et résume les cent facettes de l’expérience d’habiter quelque part.

 

 

 

 

 

 

Ce qu’il faut rappeler

 

« La préposition « chez » de « chez soi » est là pour dire « à l’intérieur de ». Elle indique en même temps que, dans cet intérieur, il se passe des choses, des événements, des actions qui sont typiques de cet endroit. Deux idées donc. La première est que nous habitons dans un « intérieur », qui, par définition, a des limites. Et qui dit limites dit porte. Qui dit porte, parle de droit d’accès à cet intérieur. Et pour avoir ce droit, il faut posséder la clé de la porte. Dès que l’on maîtrise le droit d’accès, on est, à la façon du charbonnier proverbial, maître chez soi.

 

La seconde est que l’intérieur est autant défini par ses limites que par les conduites que nous pouvons y avoir. C’est nous qui décidons que ces conduites relèvent de l’intérieur domestique. En accord ou en désaccord avec les usages de la société où nous vivons. Toujours est-il que « ce qui se passe à l’intérieur » diffère de nos conduites hors de ses limites, par exemple dans le reste de la maison et dehors, en public.

 

 

 

 

 

 

Ce qu’il faut savoir

 

Le mot « chez » nous réserve une surprise. Il nous cache son origine. Mais les linguistes l’ont facilement débusqué. Ils nous disent que chaque fois que nous prononçons ce mot, nous prononçons sans le savoir un mot qui dérive du latin casa, la maison. Mais nous ne disons pas « chez » dans le vide. Nous y ajoutons un nom propre quand nous disons, par exemple, « chez Jean » ou bien un pronom personnel comme dans, autre exemple, « chez toi » ou « chez nous ». L’expression complète nous renvoie donc non seulement à un intérieur – la maison concrète – mais aussi à qui l’habite, que ce soit moi, toi, ou nous. Elle nous renvoie aussi à façon personnelle dont toi, moi ou nous habitons nos maisons. Et que nous disions ces mots avec fierté ou modestie, en parlant de notre façon d’être chez nous, nous parlons de nous.

 

 

 

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