C'est officiel, le diesel n'a plus la cote !

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
AUTO - En janvier, moins de 60% des véhicules neufs vendus en France fonctionnent au diesel, une première depuis 15 ans. 

France, terre bénie du diesel ? Plus pour longtemps. Alors que la mairie de Paris et le ministère de l'Ecologie ont tous deux dégainé en janvier des plans anti-pollution prenant pour cible le diesel, ces véhicules n'ont jamais eu aussi peu la cote depuis 15 ans. Selon les chiffres de janvier, moins de 60% des voitures neuves vendus fonctionnent au gazole. 

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Une baisse continue. En 2012, 73% des véhicules vendus en France étaient des diesel vendus. En 2014, on est passé à 64%. Et en ce début d'année 2015, à 59%. Il s'agit d'"une chute assez spectaculaire", estime Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile. Il faut en effet remonter à 2001 pour retrouver un seuil aussi bas.

Paris (et la France) en voie de bannir le diesel ? Les gouvernants en France n'ont eu de cesse depuis la fin de la Seconde guerre mondiale d'avantager le diesel. Mais le vent tourne. Anne Hidalgo, a déclaré en décembre 2014 vouloir "la fin du diesel à Paris en 2020". Et le 28 janvier dernier, la maire de la capitale a précisé son plan de lutte anti-pollution. Les voitures trop polluantes, dont les vieux diesels, seront interdites d'accès à la capitale en semaine.

Le gouvernement, de son côté, a également annoncé des mesures anti-pollution dès sa conférence environnementale, fin novembre. Mesures confirmées le 4 février en Conseil des Ministres. Les Français sont désormais encouragés, grâce à des primes allant de 500 à 10.000 euros, à échanger leur diesel contre une essence ou un véhicule électrique. 

"Communication ou réalité, on commence à installer dans la tête des gens l'idée qu'il y a un risque à terme sur le diesel", souligne le directeur général pour la France du constructeur sud-coréen Hyundai, Lionel French Keogh.

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Des mesures qui font réfléchir les Français. Nul doute pour Guillaume Paoli, co-fondateur du mandataire AramisAuto : " Les gens investissent dans une voiture pour les cinq ou six prochaines années, et ils se disent donc, 'méfiance'". 

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© FRED DUFOUR / AFP

En Île-de-France où la lutte anti-diesel se concrétise, "les gens sont assez frileux sur l'achat d'un véhicule diesel, certains nous disent qu'ils ne prennent pas le risque de ne pas pouvoir accéder au centre de Paris dans cinq ans, même s'il n'y a pas tant de Franciliens que ça qui prennent leur voiture pour aller dans le centre de Paris".

Les voitures diesels deviennent moins rentables. Un autre élément explique la baisse des ventes de diesel. Dans un contexte de crise économique, ils conduisent en moyenne moins, désormais 12.000 kilomètres par an. Or, selon les professionnels du secteur, une voiture diesel, plus chère à l'achat, se rentabilise si son propriétaire roule au moins 15.000 kilomètres par an. De plus, les nouvelles normes anti-pollution Euro 6 augmentent encore le prix des motorisations diesels.

Enfin, depuis le 1er janvier 2015, deux nouvelles taxes qui frappent le diesel ont augmenté son prix de 4 centimes par litre.

Les constructeurs s'adaptent… Les constructeurs français PSA et Renault ont renoncé à proposer leurs petits modèles, ceux qui séduisent le plus les Français, en version diesel. "Le coût de la technologie Euro 6 nous amène à ne pas mettre ces moteurs dans le bas de gamme", faisait remarquer récemment Jérôme Stoll, directeur commercial du groupe au losange. La Renault Twingo dernière génération n'existe, par exemple, qu'en version essence.

PSA, de son côté, ne se fait pas d'illusion et dit s'adapter à la demande croissante en essence. On s'y dit "conscients qu'il va y avoir un rééquilibrage entre l'essence et le diesel en France d'ici 2020".

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… mais se rattrapent aussi à l'international.  Si les Français se mettent à bouder le diesel, les constructeurs français ne vont pas forcément y renoncer. Ils peuvent en effet compter à l'international sur des marchés en plein développement, la Turquie, la Corée du Sud ou encore l'Inde. PSA s'intéresse de près à cette dernière où la maîtrise de moteurs diesel est un atout pour s'implanter dans le pays. Le marché indien obéit en plus à des normes équivalentes à l'Euro 4, celle que pratiquait l'Europe entre 2006 et 2011. Ce qui technologiquement présente un coût moindre pour le constructeur. 

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