BNP Paribas: une étonnante bonne santé mais…

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Noémi Marois avec AFP
ÉCONOMIE - Malgré la lourde amende infligée par les Etats-Unis, la banque française affiche un bilan insolent pour 2014. Mais cela pourrait ne pas durer. 

Une amende de 9 milliards de dollars, voilà ce que la justice américaine avait infligé à BNP Paribas en juin dernier pour avoir effectué des opérations financières avec des pays sous embargo : Soudan, Iran et Cuba. La sanction, la deuxième plus importante jamais infligée aux États-Unis, correspondait alors à tout l'argent gagné dans l'année par la BNP et avait même fait craindre une déstabilisation de la zone euro. Une mauvaise nouvelle qui augurait mal du bilan financier de la société française pour 2014. Et pourtant, malgré ce coup dur, le groupe a créé la surprise jeudi en publiant un bilan dans le vert, comprenant un bénéfice de 157 millions d'euros. 

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Un bénéfice trois fois plus gros qu'attendu. Alors que les banques françaises devraient annoncer pour 2014 des bilans peu amènes, BNP Paribas annonce un bénéfice net de 157 millions d'euros. A la grande surprise des spécialistes du secteur. S'ils s'attendaient à un bénéfice, ils misaient plus sur une somme proche des 50 millions d'euros, selon le consensus du fournisseur de données financières FactSet.

Tout lui réussi… Pour parvenir à un tel bénéfice, le groupe se base sur le dynamisme de ses différentes activités. "Les revenus progressent dans tous les pôles opérationnels, la bonne dynamique commerciale témoignant de la confiance des clients institutionnels, entreprises et particuliers", s'est félicité le directeur général, Jean-Luc Bonnafé. Au total, le produit net bancaire, autrement dit son chiffre d'affaires, a augmenté de 2% pour s'établir à 39,2 milliards d'euros.

… grâce à une solvabilité élevée. Un des secrets de la bonne santé de BNP Paribas est sa haute solvabilité. Son ratio de fonds propres, constitués des apports des actionnaires et des bénéfices mis en réserve et une fois rapportés aux crédits consentis, atteignait 10,3% fin décembre.

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Mais le ciel s'assombrit à l'horizon. Malgré tout, la banque française ne cache pas que certaines de ses ambitions seront difficiles à atteindre dans le cadre de son plan stratégique démarré l'année dernière et qui doit s'achever en 2016. Elle met en cause l'environnement, plus maussade que prévu. 

"La circonstance dans laquelle nous nous trouvons est plus difficile donc il faudra être meilleur pour atteindre les objectifs", a reconnu Jean-Laurent Bonnafé". "Il y a du vent de face et il y a du vent de côté", a ajouté le directeur général.

Les vents de côté ? BNP Paribas pointe ici du doigt les nouvelles taxes et réglementations imposées au secteur bancaire. Elles pourraient amputer de 500 millions d'euros le résultat net de la banque l'an prochain. Ces coûts supplémentaires sont liés à la contribution au fonds de résolution européen censé accompagner les faillites bancaires. Mais les établissements français vont aussi devoir faire face au durcissement de la réglementation pour les banques étrangères aux Etats-Unis.

La filiale italienne à la traîne. Enfin, la BNP Paribas est pessimiste au sujet de sa filiale italienne, la BNL. Après avoir passé une dépréciation de 297 millions d'euros au quatrième trimestre 2014, BNP Paribas, qui espérait redresser la barre en Italie d'ici 2016, pense que la faible croissance du pays va peser sur son activité. 

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